Mediator

Irène Frachon, itinéraire d’une médecin obstinée : « C’est une histoire qui me poursuit depuis que j’ai 27 ans »

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ENTRETIEN - À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, Factuel a souhaité mettre à l’honneur le courage d’une femme, celui d’Irène Frachon, la lanceuse d’alerte de l’affaire du Médiator. Par son combat, elle a sauvé la vie de milliers de personnes.

Docteur Iréne Frachon,
Docteur Iréne Frachon, Michel Euler/AP/SIPA

Quatorze ans après avoir révélé l’un des plus grands scandales de santé publique français avec l’affaire du Mediator, Irène Frachon revient pour Factuel sur cette affaire hors du commun commencée dans les années 1990.

Surnommée « la fille de Brest », la lanceuse d’alerte et pneumologue au CHU de Brest Irène Frachon est connue pour avoir dévoilé le scandale du Mediator. En 2009, celle qui n’a pas hésité à monter à l’assaut de l’Agence du médicament révèle la dangerosité du Mediator, un médicament prescrit à 5 millions de personnes dans l’hexagone et commercialisé pendant plus de 30 ans par Servier, l’un des plus puissants laboratoires français. Entre 1976 et 2009, cet anti-diabétique utilisé comme coupe-faim a causé la mort de 1500 à 2100 personnes. Un poison mortel, un crime industriel hors norme et un procès tentaculaire contre lequel Irène Frachon s’est battue pour faire éclater la vérité.

Factuel. Comment avez-vous découvert la dangerosité du Mediator ?

Irène FRACHON. C’est une histoire qui me poursuit depuis que j’ai 27 ans. Quand j’étais très jeune médecin, j’ai vu de nombreuses patientes mourir d'hypertension artérielle pulmonaire, une maladie très grave qui touche les vaisseaux des poumons. À l’époque, j’étais interne et avec quelques collègues, nous étions déjà convaincus que ces décès étaient liés à l’exposition à un coupe-faim, commercialisé par Servier : l’Isoméride. Il a fallu une bagarre de plus de sept ans pour que le produit soit retiré du marché français et mondial. C’est une histoire qui m’a énormément marquée puisqu’un banal coupe-faim mortel a mis plus de dix ans à être retiré alors qu’on avait la preuve de sa toxicité.

Après 1997, j’ai continué ma carrière professionnelle à Brest en tant que spécialiste de l’hypertension pulmonaire. Dix ans après le retrait de l’Isoméride, une patiente qui souffrait d’obésité et de cette maladie rare est décédée....

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