Pesticides : le chlordécone, ce scandale made in France

Le jeudi 29 février, le député socialiste guadeloupéen Élie Califer a présenté à l’Assemblée nationale une proposition de loi pour reconnaître la responsabilité de l'État français dans le scandale du chlordécone. La loi vise également à ce que l'État prenne en charge la dépollution des sols de la Martinique et de la Guadeloupe, ainsi que l'indemnisation des victimes. Cette proposition de loi intervient un peu plus d'un an après que les tribunaux français ont rendu une ordonnance de non-lieu en janvier 2023, à l'issue d'un procès long de deux décennies visant à rendre justice à la population antillaise sur l'utilisation de cette molécule dangereuse sur leurs îles.

Derrière les décors de plages idylliques et de nature luxuriante, la Guadeloupe et la Martinique cachent des sols, des eaux et des habitants empoisonnés par le chlordécone, l'ingrédient actif utilisé pendant des décennies dans les pesticides pour lutter contre le charançon du bananier dans les bananeraies.

Interdit définitivement en 1993, le chlordécone a laissé des traces. Sur près de 800.000 habitants que comptent les îles, plus de 90% ont un taux détectable de chlordécone dans le sang. Les terres sont également contaminées, les niveaux les plus élevés étant concentrés sur les terrains agricoles actuels ou anciens où l'on cultivait des bananes. La molécule, difficile à éliminer de l'environnement, s'est aussi frayée un chemin depuis les sols des bananeraies où elle était utilisée, jusqu'aux rivières, aux eaux côtières et aux nappes phréatiques.

Au fil du temps, l'exposition à la molécule peut entraîner une accumulation de chlordécone dans l'organisme, qui peut à son tour être liée à de nombreux problèmes de santé, dont des cancers. Face à ce scandale sanitaire, le peuple antillais continue de se battre pour que justice soit faite.

Un scandale historique

Au moment de l'introduction des pesticides à base de chlordécone...