Écologie

Pollution des sols et des nappes : l’est de la Moselle menacée

Robin Jafflin
7 min
3 effets

ENQUÊTE - Massivement pollués, les sols et les nappes phréatiques de l'est de la Moselle font craindre une catastrophe écologique sans précédent pour la région et ses habitants.

Pollution
Robin Jafflin/FACTUEL

Les traces des Houillères du Bassin Lorrain - les HBL, comme on les appelle ici - sont partout. Un rond-point décoré d’un « blindé » (les wagonnets servant au transport à travers les galeries, NDLR) ; une friche industrielle à l’entrée d’une petite ville, jadis minière, aujourd’hui morte. Les sites pollués non plus ne manquent pas, bien que plus discrets. Marienau ou l’ancienne cokerie de Carling ne sont connus que des locaux et pourtant, ils sont classés parmi les sites les plus pollués de France - héritages de près de 150 ans d’exploitation intensive des sols de la région. La Moselle, comme nombre de départements victimes de la désindustrialisation avant elle, paie le coût écologique et sanitaire d’un processus fait dans l’urgence, sans véritable planification ni moyens. Toutefois, dans l’axe de Saint-Avold - Freyming-Merlebach - Forbach, plus qu’ailleurs, cette pollution industrielle se révèle être une véritable bombe à retardement écologique.

Tout débute au milieu des années 1970. À l’époque, les responsables politiques prennent conscience des enjeux environnementaux et des conséquences durables et irréversibles de certaines activités industrielles. Dès lors, certains produits toxiques, utilisés notamment pour l’extraction et l’enrichissement du charbon, sont petit à petit interdits ou doivent être dépollués. Reste une question en suspens :  que faire de ces stocks inutilisés ou des produits purgés ? Les traiter coûterait trop cher. Les incinérer ? Impossible, les HBL, bien qu’entreprise d’État, s’exposeraient à des amendes faramineuses. Reste alors une solution : l’enfouissement. C’est ce qu’a fait André Dardillac, ancien directeur du siège de Merlebach. Dans un témoignage en justice, rédigé avant sa mort, il affirme que 4000 litres d’huiles hydrauliques, destinées au fonctionnement des diverses machines d’extraction, ont été envoyées « au fond » pour être « entreposées ». Sur une décennie, ces stockages à même le sol et sans cellule d’enfouissement représentent 14,6 millions de litres. L’équivalent de 6...

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