Abus sexuels au Cambodge : l’itinéraire d’un professeur français condamné

En Asie,

Frédéric F. a 56 ans. Il est français, originaire de Vierzon, et s’est installé dans une maison louée au nord de la capitale cambodgienne, dans le district de Russey Keo, dans le sud du pays. Il travaille à son compte et dispense des cours d’anglais  gratuits aux enfants du coin. Sa maison est accueillante et sa présence dans le quartier, bienveillante. Un jour de juin 2021, un résident du quartier s’interroge sur les va-et-vient d’enfants chez ce professeur et contacte la hotline d’APLE Cambodia. L’organisme, spécialisé dans la protection de l'enfance au Cambodge, envoie un enquêteur formé pour détecter les abus d’enfants. « Cette personne fait partie d’une équipe d’enquêteurs infiltrés que nous nommons les investigateurs de la protection de l’enfance, explique Seila Samleang, directeur de l’ONG au Cambodge. À partir d’un signalement, – comme celui de Frédéric F., à Phnom Penh – l'enquêteur collecte des informations discrètement et vérifie si l’allégation est fondée ou non. Pour ce faire, il va, par exemple, interroger les victimes présumées, les familles, les témoins potentiels et observer le comportement de la ou des personnes suspectées. Cette équipe existe depuis plusieurs années. En 2021, les investigateurs ont aidé la police dans 89 enquêtes, et nous avons aidé 187 enfants victimes. »

Une fois le dossier solide, l’investigateur se tourne vers la police pour qu’une enquête officielle soit lancée. N’ayant pas le pouvoir de stopper l’agresseur, il fournit les preuves récoltées aux autorités, dans le respect de la procédure cambodgienne. Frédéric F. est très apprécié dans le quartier et gâte beaucoup ses élèves. Les mois passent, les langues se délient. Des jeunes garçons, certains âgés de 8 ans, confient que le professeur est « fun mais un peu collant », aime leur faire des câlins et les toucher pendant qu’ils jouent aux jeux vidéo. Au début, « c’est amusant », mais, au...