Criminalité

Au Cambodge, les enfants pris dans la toile des prédateurs sexuels

Capucine Canonne
6 min
2 effets

ENQUÊTE 1/2 – Le Cambodge fait partie des destinations de prédilection des agresseurs itinérants. Depuis la crise sanitaire, une autre forme très vicieuse d’abus se développe : l’exploitation sexuelle et les abus en ligne d’enfants cambodgiens.

cambodge – pédophilie
Un homme occidental avec un jeune garçon, dans les rues de Phnom Penh, au Cambodge.APLE Cambodia

En 2021, 11% des enfants cambodgiens de 12 à 17 ans ayant accès à Internet ont été abusés en ligne. Un chiffre publié par l’UNICEF, sans doute sous-évalué, en raison de la réticence des victimes à se manifester. Ce type d’abus est complexe et multiple : chantage, activité sexuelle contrainte, contre de l'argent ou des cadeaux, diffusion en direct d'abus sexuels, etc. Il y a aussi le partage d’images sans permission, comme le racontent Tony, Ray, Rob, Tim, Salim et Rani*, jeunes garçons cambodgiens : « Je nageais avec mes copains dans l’étang du village lorsqu’un étranger nous a pris en photo. Il m’a ensuite donné de l’argent puis est parti », se souvient Salim. Il est revenu, a repris des photos, nous demandant de faire certaines positions. Il m’a pris en photo nu. De plus en plus de garçons sont venus à l’étang. Les gens du village semblaient ignorer les agissements de l’homme car il prenait en photo des garçons et pas des filles. Nous nous demandions si c’était bien ou mal de se laisser photographier », explique Rob. Un jour, la police arrive près de l’étang et arrête le photographe. Les enfants se mettent à courir, persuadés qu’ils vont être aussi arrêtés. L’homme est inculpé pour « pornographie enfantine » et « menaces accompagnées d’extorsion ». Au tribunal, c’est la sidération. Certaines familles réalisent que les photos sont largement diffusées et utilisées comme matériel d’exploitation sexuelle. « Je suis sur des photos pornos partout. J’ai tellement honte », regrette Tony, dans un pays où parler de sexe est tabou. L’accusé est condamné à 3 ans de prison.

Avant 2010, les abuseurs venus de l’étranger cachaient leurs intentions, sans crainte d’être incriminés dans un pays réputé pour être un « refuge pour pédophiles ». « En 2006, je me souviens avoir vu un occidental avec un petit cambodgien sur les genoux sur...

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