Trafic d'organes

Comment la France ignore le trafic d’organes humains

6 min

ENQUÊTE 2/2 – Face à des propositions de lois rejetées ou renvoyées, et des lacunes dans le contrôle des greffes à l'étranger, la France est accusée par certaines associations de ne pas s’engager suffisamment dans la lutte contre le trafic d’organes, tant sur son territoire que sur la scène internationale.

Urgences Hôpital Pasteur 2, Centre Hospitalier Universitaire
Urgences Hôpital Pasteur 2, Centre Hospitalier UniversitaireSYSPEO/SIPA

En 2017, le Centre hospitalier universitaire de Grenoble Alpes (CHUGA) envisage de coopérer avec l’hôpital n° 1 d’Hangzhou en Chine dans le domaine de la transplantation hépatique, c'est-à-dire de greffe de foie. À cette même époque, un médecin du CHUGA leur transmet une publication scientifique alertant sur les risques de travailler avec la Chine dans le domaine de la transplantation d’organes. La décision est prise de stopper toute collaboration avec cet hôpital « y compris sur des sujets autres que la transplantation d’organes », explique la direction générale du CHUGA dans un courrier rendu public.

Pourtant, le rapport d’activité 2019 indique qu’une délégation médicale et administrative du CHUGA s’est rendue à Hangzhou en décembre 2019 pour, entre autres, « renforcer les liens avec (...) l’hôpital n°1 et l’hôpital n°2 d’Hangzhou ». Nous avons contacté la direction du CHU Grenoble Alpes à plusieurs reprises. La direction de communication nous a assuré d’une réponse « dès que possible », puis plus rien. La démarche de Grenoble illustre une méfiance grandissante vis-à-vis de la Chine. Depuis les années 2000, des preuves accablantes s’entassent dans des rapports indépendants d’avocats, experts et chirurgiens internationaux, mettant en lumière un trafic illégal d’organes d’ampleur en République Populaire de Chine, organisé par l’État lui-même (voir le premier volet de cette enquête). Comment réagit la communauté internationale et, plus précisément, la France ?

Des propositions législatives nationales rejetées en France

Depuis une décennie, des membres du Parlement français présentent des propositions législatives dans le but d’analyser l’ampleur des transplantations illégales et d’éviter toute potentielle complicité avec des réseaux extérieurs. C’est le cas de Valérie Boyer, sénatrice des Bouches-du-Rhône. En novembre 2010, l’élue, avec plusieurs de ses collègues, dépose une proposition de loi « visant à lutter contre le tourisme de transplantation d'organes »....

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