Iran-Russie, alliance de circonstance face aux sanctions américaines
ENQUÊTE 2/2 - Prenant fait et cause pour la Russie dans la guerre en Ukraine, les conservateurs iraniens ont confirmé leur tropisme vers l’Est. De son côté, Moscou se sert de l’expérience de Téhéran en contournement de sanctions.
![Iran-Russie](https://images.factuel.media/hVDPAi1B40_NTnrKos_nL7uIcV0=/3840x0/smart/filters:quality(60):max_bytes(300000)/factuel/2023/05/SIPA_sipausa30261293_000001.jpeg)
« Ni Est, ni Ouest, Révolution islamique. » Le slogan initial de la politique étrangère iranienne a quelque peu changé depuis 1979. Six mois après son élection, en janvier 2022, Ebrahim Raïssi s’est rendu à Moscou pour son premier voyage officiel. Avec ce voyage, le président iranien espère la signature d’un partenariat multisectoriel avec la Russie de Vladimir Poutine sur plus de 20 ans. Dès le début de la guerre, les conservateurs iraniens font le choix d’un alignement sur le narratif du Kremlin en prenant fait et cause pour les forces russes.
Cette alliance de circonstance est plus que jamais dans le viseur de Washington. « Toutes les semaines, il y a une nouvelle série de sanctions. En nous ciblant, les Américains cherchent surtout à s’en prendre à la Russie et à l’empêcher de se fournir en armes », assure à Factuel une source diplomatique iranienne qui préfère garder l’anonymat. Selon un article du Wall Street Journal du 15 mai dernier, les États-Unis envisageraient d’autres mesures pour eviter le transfert d’armes iraniennes à Moscou.
Le 21 mars, l’OFAC (Office of foreign assets control), en coordination avec le FBI, a directement sanctionné le ministère iranien de la Défense et de la Logistique des forces armées (MODAFL), qui supervise plusieurs entreprises impliquées dans le développement de drones et de missiles balistiques. Par ricochet, cette mesure vise à empêcher l’achat et l’utilisation de véhicules aériens sans pilote (UAV) iraniens Shahed-136 par les forces russes en Ukraine. Ces drones kamikazes ne coûtent que 20.000 dollars l’unité, alors que leur interception par un missile sol-air avoisine les 140.000 et 500.000 dollars, selon les informations rapportées par le New York Times. Selon un article du Washington Post du 5 février dernier, une usine à drones serait en construction dans la région russe du Tatarstan.