Russie

Présidentielle en Russie : « Le système est totalement verrouillé »

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ANALYSE - Appelés aux urnes ce week-end, les Russes votent pour élire leur représentant au Kremlin. Le président sortant Vladimir Poutine est candidat à sa propre réélection, qui officialiserait un cinquième mandat. Docteur en histoire contemporaine et spécialiste de la géopolitique, Alexandre Del Valle a écrit plusieurs ouvrages sur la mondialisation et l’Occident. Pour Factuel, il analyse les enjeux de l’élection présidentielle russe, qui intervient en plein conflit sur le sol ukrainien.

Vladimir Poutine
Vladimir PoutineGavriil Grigorov/SPUTNIK/SIPA

FACTUEL. L’élection présidentielle en Russie se déroule ce week-end. Quel est l’enjeu d’un tel scrutin ?

Alexandre DEL VALLE. L’enjeu de ce scrutin, pour Poutine, est de rester au pouvoir et d’apparaître légitime. Derrière lui, il y a toutefois une oligarchie qui ne supporterait pas une alternance. Elle a, à ce titre, tout intérêt à ce que Vladimir Poutine soit réélu. Le pays est dans un contexte de guerre donc il est plus facile de faire taire l’opposition comme on a pu le voir avec Navalny. Dans un contexte de guerre, il y a forcément des radicalisations et un opposant devient systématiquement un ennemi, un agent de l’étranger. Cela permet à l’homme politique de s'incarner comme chef et c’est plutôt favorable politiquement et bon pour les sondages.

À chaque fois que les présidents français ont été chefs de guerre, ils ont grimpé dans les sondages. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il y a eu une unanimité autour de Winston Churchill. Ce n’est que lorsque la paix est revenue que Churchill a été désavoué par ses citoyens. Ainsi en Russie, le temps est à la guerre, à l’unanimisme et la diabolisation de l’opposition, accusée d’être proche de l’étranger. Le système espère perdurer comme il le peut.

Peut-on considérer aujourd’hui que la Russie est une démocratie ?

La Russie est une démocratie au sens formel, si l’on définit la démocratie uniquement par des élections libres et la présence de plusieurs candidats, au cours d’une élection organisée. En revanche, si l’on appelle « démocratie », un système libéral avec des candidats d’opposition y compris très hostiles au pouvoir en place, la Russie n’en est pas une. L'État y est autoritaire et les candidats sont présélectionnés et n'a donc rien à voir avec une conception occidentale de la démocratie basée sur un pluralisme poussé et des élections qui...

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