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Rome : démission d’une figure ecclésiastique de la lutte contre la pédophilie, un échec pour le Saint-Siège

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Le père allemand Hans Zollner a démissionné de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, spécialisée dans la lutte contre la pédophilie dans l’Église, à Rome. Une nouvelle qui relance le débat sur l’efficacité de la lutte contre ce fléau en Italie.

hans zollner
Le père Hans Zollner.Alessandra Tarantino/AP/SIPA

En Italie,

La nouvelle est éclipsée par l’hospitalisation du pape. Le 29 mars dernier, tous les regards scrutent la fenêtre du dernier étage de l’hôpital Gemelli de Rome, où François est soigné pour une infection respiratoire. Le même jour, le père allemand Hans Zollner, membre de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, spécialisée dans la lutte contre la pédophilie dans l’Église à Rome, démissionne de ses fonctions. « Lors de mon travail au sein de la commission, j’ai remarqué des problèmes auxquels il faut répondre en urgence et qui ont rendu impossible pour moi de poursuivre ma mission », explique-t-il dans un communiqué. « La protection des enfants et des personnes vulnérables doit être au centre de la mission de l’Église catholique. C’était mon espoir et celui de beaucoup d’autres lorsque la commission a été créée en 2014 », regrette-t-il.

Créée par le pape François en personne, cette commission composée d’experts religieux et laïcs vise à traiter et prévenir les cas d'abus au sein de l'Église catholique. En quittant ses prestigieuses fonctions, le prélat dénonce le « manque de transparence dans l’utilisation des fonds » et « les modalités de décision à l’intérieur du groupe de travail ». S’il poursuit aujourd’hui son action comme directeur de l’Institut anthropologique de l’Université Grégorienne à Rome, ainsi que comme consultant du diocèse de la capitale italienne, sa lutte contre les abus sexuels dans les églises, son action de prévention mais aussi de sensibilisation de ses confrères, n’étaient plus en ligne avec le comité. Cette nouvelle sonne comme un échec du Saint-Siège à s’attaquer aux crises secouant les conférences épiscopales à travers le monde depuis plus de 20 ans.

Transmettre les signalements d’abus

Le père Hans Zollner est considéré comme l'un des principaux experts dans le domaine de la prévention des abus sexuels et de la protection des...

Le père Hans Zollner, acteur historique de la lutte contre la pédocriminalité au sein de l’Église catholique a quitté, en mars dernier, la Commission pontificale pour la protection des mineurs. Dans un communiqué, il pointe du doigt des « problèmes », l'empêchant de mener sa mission à bien. Sa démission pose la question de l'efficacité des mesures anti-pédocriminalité en Italie.

Le père Hans Zollner dénonce un « manque de transparence dans l’utilisation des fonds » et « les modalités de décision à l’intérieur du groupe de travail ».

En 2008, Rome connaît un scandale pédophilie : Ruggero Conti, puissant prélat et proche du monde politique italien, était arrêté à la veille de son départ pour Sydney, où il devait participer aux journées mondiales de la jeunesse. Il était accusé d’abus sur 7 enfants âgés de 10 à 12 ans. Le prêtre a été condamné en 2015 à 14 ans et 2 mois de réclusion. Il était détenu dans une clinique psychiatrique de la capitale italienne, avant de s’en évader deux ans plus tard et d’être retrouvé à Milan. Il est mort en 2020

Francesco Zanardi, fondateur de « L’Abuso », historique association italienne de victimes de pédophilie, a découvert à Rome une structure où les prêtres pédophiles condamnés seraient accueillis. Une « communauté » qui se situerait à côté du département italien de l’administration pénitentiaire, dans le sud-ouest de la ville. Son enquête a révélé l’existence de 21 structures similaires dans tout le pays. En 2019, il dénonçait des « procès canoniques [qui] se déroulent dans les diocèses, en terre italienne, en violation de traités et conventions internationales signés par l’Italie ».

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