Littérature

Prix littéraires : devenir juré, un prestige... et une rente

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ENQUÊTE 2/2 – Électeurs décisifs, les jurés sont les principaux acteurs de la rentrée littéraire et des grands prix de l’automne. Ils sont courtisés par les éditeurs les plus influents du milieu. Pour le meilleur, comme pour le pire.

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Au cœur de la machine littéraire et économique que sont les grands prix de l’automne (Goncourt, Renaudot, Fémina, Académie française et Médicis) les membres du jury ont un rôle décisif. « Pourquoi devenir juré ? Pour le prestige. Mais aussi et surtout pour l’influence et la reconnaissance de ses pairs », avance Pauline Dreyfus, écrivaine et jurée au prix des Deux Magots, au prix du Premier roman et des Écrivains du Sud. Qualifiés parfois de « crownmakers », (littéralement, « faiseurs de couronnes », l’équivalent de « faiseurs de rois », en français), les jurés ont le pouvoir de décider de l’avenir commercial et littéraire d’un auteur dont le livre se retrouvera en tête des ventes et sous les sapins de Noël.

Derrière le lauréat d’un Goncourt ou d’un prix de l’Académie française, c’est aussi la maison d’édition que l’on récompense. Son chiffre d’affaires est considérablement gonflé par les ventes de son auteur. « À l’époque où Grasset était encore une "petite maison", je revois Yves Berger (directeur littéraire de la maison de 1960 à 2000, NDLR), en haut de l’escalier des éditions Grasset, rayonnant, tel un capitaine de navire, quand un de ses auteurs venant de recevoir un grand prix de rentrée, nous accueillait d’un tonitruant : "C’est une bonne année !" », se souvient l’écrivain Gérard de Cortanze.

Le prestige d’un juré se trouve aussi dans la gloire dont la rentrée littéraire est auréolée. « Les prix littéraires participent d’une exception française. Quel est le pays où l’on parle autant de littérature de la fin août à décembre ? Émissions radio, télévision, dossiers dans la presse écrite, débats, salons... La France entière devient une immense librairie. Auteurs, lecteurs, éditeurs et libraires ne peuvent que se réjouir », souligne Gérard de Cortanze. Et de nuancer, toutefois : « Quand vous êtes écrivain et qu’on vous demande d’être juré, vous êtes en droit d’hésiter. Vous recevez des bouquins...

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