Justice

Financement libyen : le pacte de corruption entre Sarkozy et Kadhafi vu par les juges d'instruction

La rédaction
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INFO FACTUEL – Selon son ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel, Nicolas Sarkozy aurait demandé de l’argent au dictateur en 2005 à Tripoli, pour se présenter à la présidentielle 2007. Il n’existe toutefois pas de preuves irréfutables.

Sarkozy Kadhafi
Nicolas Sarkozy accueillant Mouammar Kadhafi à l'Élysée, 2007.STEVENS FREDERIC/SIPA

Nicolas Sarkozy est renvoyé devant le tribunal correctionnel, car soupçonné d’avoir bénéficié des largesses du colonel Kadhafi, en vue du financement de sa campagne présidentielle de 2007. En contrepartie, l’ancien chef d'État, une fois élu, se serait engagé à favoriser le retour de la Libye au sein de la communauté internationale, où elle était devenue persona non grata, en raison, notamment, de son soutien au terrorisme international. Kadhafi était accusé d’être le commanditaire de l’attentat aérien de Lockerbie en 1988, qui avait fait près de 300 morts, et celui de l'avion DC-10 d’UTA, en 1989, à destination de Paris, tuant 170 personnes. Des ressortissants libyens fonctionnaires du régime avaient été condamnés.

Selon l’instruction, l’entretien scellant le pacte de corruption se serait déroulé sans interprète officiel. Seul Ziad Takieddine, intermédiaire franco-libanais, a affirmé avoir été présent, d’après l’ordonnance de renvoi de Nicolas Sarkozy, que Factuel a pu consulter.

Les revirements de Takieddine

Cependant, les enquêteurs de police judiciaire de l’office central pour la répression de la grande délinquance financière, saisis par les juges en 2018 n’ont trouvé aucune trace illicite d’enrichissement personnel. Tout le patrimoine de Nicolas Sarkozy a été passé au peigne fin, ainsi que celui de son entourage intime, jusqu’aux modalités de la succession à la mort de sa mère. « Les ressources du foyer [de Nicolas Sarkozy] étaient très majoritairement constituées de revenus d’activités professionnelles clairement identifiées », indique le rapport des limiers de l’enquête financière.

En dépit de cette enquête fouillée, les magistrats instructeurs et le Parquet national financier semblent faire confiance à d’autres sources : « Ziad Takieddine rapportait avoir assisté, lors du voyage officiel du 6 octobre 2005, à un tête-à-tête entre Nicolas Sarkozy et le colonel Kadhafi, ce dernier ayant demandé à ce que même l'interprète du ministre français sorte, la traduction étant alors assurée par M. Takieddine uniquement....

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