Justice

Gilles Gaetner : « Éric Dupond-Moretti incarne une justice qui dit ce qu’elle pense »

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ANALYSE - Spécialiste des affaires politico-financières, Gilles Gaetner a été journaliste au magazine L’Express pendant 25 ans. Il vient de publier La guerre secrète entre juges et politiques 1981-2024 aux éditions de l’Artilleur. Pour Factuel, il revient sur la relation tendue entre les pouvoirs politique et judiciaire.

Éric Dupond-Moretti
Éric Dupond-Moretti à l'Assemblée nationaleJEANNE ACCORSINI/SIPA

Factuel. La décision du Conseil constitutionnel du 25 janvier 2024 qui a censuré de nombreux articles de la loi immigration a créé de vives polémiques à droite. Est-ce le symbole de l’ascendant pris par le pouvoir du droit sur le politique comme beaucoup de responsables politiques de droite l’ont dénoncée ?

Gilles GAETNER. Je ne suis pas tout à fait d’accord avec cette analyse. J’aimerais faire remarquer plusieurs choses. La première est que les juges du Conseil constitutionnel sont nommés par le pouvoir politique qu’il soit de gauche ou de droite. Il suffit de regarder la composition des membres de cette institution. La deuxième est que la critique de cette institution est récurrente dans notre histoire politique. Par exemple, déjà en 1978, lors de l’invalidation du député UNR de Paris, Christian de la Malène par le Conseil constitutionnel présidé alors par Roger Frey, Jacques Chirac était vent debout contre les Sages et avait vertement critiqué cette décision déclarant même : « Si je respecte l'institution, je ne respecte pas forcément les hommes qui la composent et celui qui la préside ». Même Lionel Jospin alors Premier ministre avait déclaré : « Jamais le Conseil constitutionnel ne pourra arrêter les réformes entreprises par le gouvernement. » Cette institution a toujours été critiquée. C’est le jeu classique entre le pouvoir politique et cette institution en France comme à l’étranger. On le voit actuellement d’ailleurs aux États-Unis également où Donald Trump ne se prive pas de critiquer la Cour suprême américaine.

Comment réduire ce fossé qui semble de plus en plus grand entre la justice et les citoyens toujours plus défiants à son encontre ?

La société est surtout défiante par rapport aux faits divers ou aux faits de société, à la délinquance en augmentation et face aux meurtres particulièrement de policiers. L’opinion a alors le sentiment d’une justice laxiste...

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