Police

IGPN : à quoi servent les enquêtes de la police des polices ?

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L'« affaire Théo », concernant des violences volontaires de la part de trois policiers, impliqués dans l'interpellation violente de Théo Luhaka en 2017, blessé à vie, ainsi que d'autres affaires impliquant l'institution policière, interrogent la façon dont les enquêtes sont menées par la police des polices, l'Inspection générale de la police nationale (IGPN).

Un policier s’apprête à utiliser une grenade de désencerclement
Un policier s’apprête à utiliser une grenade de désencerclement lors d’affrontements avec des manifestants à Lille le 1er mai 2023. Les violences commises par certains policiers font l’objet d’enquêtes de l’IGPN, dont le rôle est très critiqué par la société civile;Sameer Al-Doumy/AFP

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.


Le 20 avril 2023, Agnès Thibault-Lecuivre, cheffe de cet organisme, annonçait sur France Info que son service conduisait 59 enquêtes judiciaires à propos d’agissements policiers en rapport avec le mouvement de contestation de la réforme des retraites, en très grande majorité à Paris.

Pour qui s’intéresse à l’institution policière, à ses dispositifs de contrôle et au maintien de l’ordre, l’information est intrigante : il y a 20 ans, un nombre bien plus réduit d’enquêtes était mené par l’Inspection générale des services (IGS, l’ancêtre parisienne de l’IGPN) à propos des mêmes types de comportements comme l’ont montré les données traitées dans le cadre de ma thèse.

Pour l’heure, cette déclaration vise à assurer que l’action policière de maintien de l’ordre est sous contrôle, le chiffre inédit de 59 enquêtes étant la preuve concrète que l’institution s’occupe de ses « brebis galeuses » ; la cheffe de l’IGPN a ainsi assuré que l’inspection allait proposer des sanctions à l’encontre des fonctionnaires de la Brav-M enregistrés alors qu’ils tenaient des propos malveillants, menaçants et qu’ils se rendaient manifestement coupables de violences illégitimes, en raison de leur « comportement indigne […] contraire à l’exemplarité attendue ».

Or, en premier lieu, un défi se pose aux enquêteurs : celui d’identifier les policiers mis en cause. Or malgré l’existence de traces écrites et/ou orales de l’organisation et de l’évolution des dispositifs de maintien de l’ordre, il peut être difficile d’établir avec certitude qui intervenait précisément sur telle ou telle charge. Et s’il existe maintenant de nombreuses captations vidéo permettant, en théorie, de faciliter l’identification – le port à géométrie variable du RIO – ou celui désormais récurrent de cagoules ignifuges en diminue l’efficacité. Puis, une fois une correspondance tracée entre des comportements dénoncés et des...

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