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Incidents à Sciences Po : « C’est aux responsables politiques d’apaiser le débat »

6 min

ANALYSE - Alors que les incidents et prises de position se multiplient au sujet de Sciences Po, Factuel s’est entretenu avec Virginie Martin. La politologue et professeure en sciences politiques à la Kedge Business School donne son éclairage sur la situation au sein de la prestigieuse école sur laquelle nous avions révélé certaines dérives dans une de nos enquêtes.

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Factuel. Plusieurs professeurs affirment observer depuis plusieurs années maintenant, particulièrement après la crise du Covid, la baisse de niveau des étudiants. Cette baisse de niveau irait avec un engagement militant très affirmé, qui prendrait entièrement le pas sur les études. Partagez-vous cette analyse ?

Suivre des études en 2024 n’a certainement plus grand chose à voir avec la manière dont on suivait des études dans les années 80 et même dans les années 2000. L’explosion d’internet a profondément bouleversé les modes d’apprentissage, mais a aussi mis à mal l’exclusivité des savoirs dans les mains de quelques uns. Nos métiers de professeurs-chercheurs ont durablement muté et l’IA ne fait qu’accélérer ces transformations. Le Covid a concrétisé ces tendances de fond en donnant l’impression que le rapport sachant – apprenant ne tenait plus qu’à un fil… et pour cause.

Ces évolutions participent d’une relation plus horizontalisée, le professeur ne professe plus du haut de sa chaire et doit se réinventer face à des étudiants qui étudient différemment et via des sources multiples et variées : voyages, échanges Erasmus, militantisme, activités sur les réseaux sociaux, création et gestion de comptes TikTok ou Linkedin personnels, start-ups… L’étudiant nous échappe en partie.

À côté de cela, les écoles - et Sciences Po comme toutes les grandes n’y échappe pas, au contraire - suivent la marche de la mondialisation. 1989, le mur de Berlin n’est plus, le monde s’ouvre. Il est indispensable de s’internationaliser ; une internationalisation à double face : il faut savoir attirer les étudiants étrangers en tant qu’école attractive et performante et dans le même temps il faut attirer des étudiants de par le monde car le vivier national se tarit. Le marché global de la formation est en route et les campus, à l’international comme en province, se multiplient. Il faut grossir. C’est la voie...

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