Intelligence artificielle

Jean-Baptiste Monge, illustrateur : « L’intelligence artificielle vole mon travail »

7 min

ENTRETIEN - Pour Factuel, l’artiste Jean-Baptiste Monge a tenté une expérience afin de démontrer comment Midjourney et Stable Diffusion, des intelligences artificielles génératrices d’images, s'approprient son art. Il appelle les institutions à réguler leurs activités.

Jean-Baptiste Monge
Jean-Baptiste Monge recevant le Coup de Coeur du Festival Belge Trolls et Légendes le 8 avril 2023.Moris DC

L’intelligence artificielle (IA), déjà capable de produire des fake news, propose désormais un Fast Art (art rapide, NDLR) qui inquiète nombre d’auteurs et de créateurs. Utilisées pour générer en quelques clics des images inédites, des applications telles que Midjourney s’inspirent de milliards d’œuvres « aspirées » sur internet sans autorisation. Ne respectant ni la propriété intellectuelle, ni les droits d’auteur, ces IA utilisent gratuitement le travail d’artistes pour produire et commercialiser de nouvelles « œuvres ». Jean-Baptiste Monge, peintre du fantastique - dont des gnomes, trolls, dragons et autres habitants de mondes merveilleux - se considère comme une victime de ces IA. Multiprimé pour ses nombreux ouvrages, il travaille également dans le cinéma d’animation (Ballerina) et a créé les personnages principaux de 10 Lives, qui sortira cet été. Représentant en France d’EGAIR (European Guild for Artificial Intelligence Regulation), une alliance européenne fondée par des créatifs rejointe par la Ligue des auteurs professionnels français, Jean-Baptiste Monge interpelle les institutions sur la question de la régulation des applications de l'IA dans les arts créatifs.

FACTUEL. Comment Midjourney utilise-t-il le travail des auteurs ?

Jean-Baptiste MONGE. Sans les œuvres existantes, les générateurs d’images par intelligence artificielle, type Midjourney, Stable Diffusion, Craiyon ou Dall-E2, ne seraient pas aussi performants qu’ils le sont aujourd’hui. Plus il y a de données nourrissant l’IA, mieux l'IA travaille. Ces machines ont donc été « entraînées » sur des bases de données constituées d’images d'œuvres sous copyright et qui ne pouvaient pas servir à une activité commerciale sans autorisation. La plus importante de ces bases de données, l’Allemande Laion-5B, contient 5,6 milliards d’images extraites du web et directement accessibles depuis Stable Diffusion. Pour parvenir à ce résultat, les créateurs de ces logiciels se sont appuyés sur la doctrine américaine du Fair Use, qui autorise un usage « loyal, raisonnable et sans commercialisation » de matériel protégé...

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