Le chlordécone : une crise sanitaire intergénérationnelle

Alors que le débat sur la dangerosité du chlordécone est relancé depuis le jeudi 29 février, avec la proposition de loi du député socialiste guadeloupéen Élie Califer, visant à établir les responsabilités de l'État et à indemniser les victimes. Au premier rang de ceux-ci, les taux de cancer de la prostate. Une étude est également en cours sur des mères et leurs enfants. Cette étude baptisée Timoun a été menée en Guadeloupe à partir du milieu des années 2000 et a suivi 1000 femmes et leurs nouveau-nés. Les chercheurs ont suivi leur grossesse, effectué des analyses de sang et, une fois les enfants nés, ont observé leur développement.

Certains enfants sont nés avec du chlordécone déjà présent dans leur organisme, la molécule pouvant passer par le cordon ombilical jusqu'à l'enfant. « Nous avons observé un certain nombre d'événements de santé, un excès de risque de prématurité et de troubles neuro-comportementaux, qui sont très cohérents avec les propriétés hormonales du chlordécone, qui est un perturbateur endocrinien », explique Luc Multigner. Aujourd'hui, les enfants sont au début de l'adolescence et continuent d'être suivis par l'équipe afin de comprendre l'impact sur leur puberté.

Luc Multigner nous explique la dernière étude sur la fertilité des femmes et le chlordécone, qui vient de débuter en Guadeloupe. Les scientifiques approchent les couples qui consultent pour infécondité, et proposent aux femmes qui rencontrent des difficultés à concevoir de participer à l'étude. Ils tenteront ensuite de déterminer la prévalence de problèmes médicaux tels que l'endométriose ou les polypes ovariens chez les femmes qui consultent pour infertilité. Multigner insiste sur le fait que le processus scientifique doit être méthodique et sérieux, et sur la nécessité d'avoir du temps pour faire un premier pas vers l'identification d'associations potentielles entre le chlordécone et des problèmes de santé. « On commence...