Agriculture

Révolte des agriculteurs : « Il y a une convergence de la colère partout en Europe »

6 min

ANALYSE - Céline Imart possède une exploitation céréalière de 230 hectares dans le Tarn. Elle est membre du bureau de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) de son département et revient pour Factuel sur la politique agricole de Bruxelles et les raisons de la colère des agriculteurs.

Agriculteurs en colère à Bruxelles le 1er février 2024
Agriculteurs en colère à Bruxelles le 1er février 2024Shutterstock/SIPA

Factuel. L'Union européenne a-t-elle vraiment l'ambition de développer une agriculture forte ou cherche-t-elle surtout à satisfaire des lobbys écologistes très actifs à Bruxelles ?

Céline IMART. Au sein de l’Union européenne, il y a plusieurs institutions et parties prenantes sur les questions agricoles. Il y a le conseil des ministres où les ministres de chaque secteur se retrouvent à 27 et où le jeu est d’établir des alliances. Les décisions de ce conseil vont dépendre de la capacité des ministres de chaque pays à nouer des alliances entre eux pour trouver une majorité autour de leur position. C’est extrêmement volatile. Dans cette institution, il est difficile d’affirmer qu’il existe du lobbying. Tout va dépendre des ministres et de leurs sensibilités de droite, de gauche, souverainiste, écologiste, c’est extrêmement variable. 

Le vrai cœur du système en Europe, c’est la Commission, qui a le pouvoir d’écrire les textes qui seront proposés au vote du parlement, et les textes sur lesquels elle a la compétence exclusive. Des volets entiers de ces accords ne sont ensuite pas ratifiés par le Parlement. C’est là qu’est concentré un maximum de pouvoirs sur les grandes orientations comme le « Green Deal » ou « From Farm-to Fork » et c’est là qu’on a un lobbying extrêmement intense des associations environnementales qui ont réussi à avoir des postes importants au sein des cabinets des commissaires européens et ensuite auprès des fonctionnaires de la commission. On a énormément d’associations écologistes qui se regroupent à Bruxelles avec de nombreux juristes et de lobbystes pour peser dans le sens de leurs intérêts. C’est aujourd’hui que l’on voit que ce lobbying porte ses fruits. Ainsi, ça fait des années qu’on a des associations comme Greenpeace ou Pan Europe qui essaient de faire pencher la balance en leur faveur sur des textes sur le nucléaire, l’agriculture, etc.

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