Excision

Excisions : notre entretien avec Denis Mukwege, prix Nobel de la paix

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ENTRETIEN - « L'homme qui répare les femmes », récompensé pour son engagement contre les mutilations génitales, a accepté de répondre aux questions de Factuel.

Denis Mukwege
Le Dr Denis Mukwege, le 7 juin 2023.FACTUEL

Cet article initialement publié le 7 juin 2023 a été mis à jour le 3 octobre 2023.

Le gynécologue congolais Denis Mukwege vient d'annoncer sa candidature à la présidence de la République démocratique du Congo. Le prix Nobel de la paix en 2018, distingué à plusieurs reprises pour son combat contre les excisions et les mutilations génitales, était en France dans le cadre de la tenue d'une série de conférences en juin 2023. Factuel l'a rencontré.

FACTUEL. Les victimes d'excisions sont de plus en plus nombreuses à avoir recours à la chirurgie réparatrice. Pourriez-vous nous expliquer en quoi il est important de réparer le psychisme, notamment grâce à des parcours pluridisciplinaires ?

Denis MUKWEGE. Merci pour la question. Je crois qu’aujourd’hui, on considère que tous ces actes - l’excision ou les mutilations - ont un impact psychologique assez important, donc la réparation physique n’est pas suffisante. Nous avions eu cette expérience où vous prenez en charge des victimes de violences sexuelles, de mutilations sur le plan physique, et ce que nous pouvions constater, c’est que ces victimes ne guérissaient pas. Elles revenaient pour d’autres problèmes. Elles somatisaient pour tout. C’était devenu très difficile de continuer à les traiter sans que nous ayons de fait des pathologies physiques à prendre en charge. Et c’est là que nous avons compris qu’il fallait une autre dimension : la prise en charge psychologique. Et je crois qu'aujourd’hui, nous ne pouvons plus continuer à soigner ces victimes sans associer ce pilier qu’est la prise en charge psychologique. Car, lorsqu’elles subissent ces actes barbares, c’est aussi bien une atteinte physique que psychologique.

La France a un problème d’information dans les hôpitaux publics. Beaucoup de médecins, de pédiatres et de gynécologues méconnaissent les sujets des mutilations génitales, et en particulier des excisions, qu'ils ne savent pas déceler chez leurs...

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