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Yana Grinshpun : « Le wokisme est la nouvelle religion monothéiste des établissements supérieurs »

10 min

ANALYSE – Yana Grinshpun, linguiste, analyste du discours et maître de conférences à l’université Sorbonne-Nouvelle, et autrice de La fabrique des discours propagandistes contemporains (L’Harmattan) décrypte la dérive idéologique de l’école de formation des élites américaines.

Claudine Gay, présidente de l'Université d'Harvard, lors d'une audition parlementaire 5 décembre 2023
Claudine Gay, présidente de l'Université d'Harvard, lors d'une audition parlementaire 5 décembre 2023Mark Schiefelbein/AP/SIPA

FACTUEL. L'audition au Congrès des présidentes d'universités américaines (Harvard, MIT, PENN) affirmant que l'appel au génocide des juifs « n'est pas forcément contraire » au code de leurs universités a fait un tollé aux États-Unis. Ce discours vous surprend-il ou vous semble-t-il symptomatique d'une dérive morale des universités américaines ?

Yana GRINSHPUN. Pour répondre à cette question, il faut comprendre l’archéologie du discours des représentantes de trois universités américaines. Il s’agit d’abord de la référence à la charte de ces universités (strate juridique), ensuite de l’idéologie dominante sur le campus universitaire.Une réponse exhaustive à votre question ne pourra pas faire l’économie de ses couches juridiques, historiques, sociologiques, discursives. Je propose ici quelques brèves réflexions sur ces sujets. Voici quelques faits significatifs de l’audition des présidentes des universités américaines à la dérive.

Dans la vidéo complète de l’audition, accessible en ligne, Claudine Gay dit : « Nous sommes très attachés à la liberté d’expression. Certaines idées peuvent être contestées, ou déplaire, mais quand le discours est porteur d’appels à la discrimination, nous agissons ». Elle a également insisté sur l’obligation de l’inclusivité, diversité et équité, un slogan de la postmodernité américaine, en précisant que la liberté d’expression au sein de l’académie vise à chercher la vérité. Ces subterfuges lexicaux sloganisés (DEI : Diversity, Equity and Inclusion) ont ainsi permis à Mme Gay de répondre à la question des  mesures prises par l’Université pour traiter le problème de l’antisémitisme, et dire que « Harvard se souciait de la sécurité de TOUS les étudiants (juifs, musulmans, palestiniens et arabes qui ressentent tous l’horreur également) ».

Quand Elise Stefanic demande à cette dernière si les appels au massacre de masse relèvent de la liberté d’expression, la présidente de Harvard ne répond pas.

Sally Kornbluth, présidente de MIT tiendra le même discours, en faisant référence à « Diversity, Equity and Inclusion » et en expliquant...

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