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Quand la cancérologie se prend les pieds dans le tapis du wokisme
Nouvelle carte blanche donnée sur ce blog. Nous laissons ici s'exprimer le Professeur Joseph Ciccolini, pharmacologue de l'Assistance Publique Hôpitaux de Marseille (APHM) et d'Aix-Marseille Université (AMU). Les propos de l’auteur ne représentent pas une position officielle de ses employeurs.

Aux Etats-Unis, l’irruption de la Critical Race Theory (ou Théorie Critique de la Race) touche désormais les sciences médicales et c’est avec un mélange d’amusement et de consternation que l’on voit fleurir, dans les grands congrès internationaux, des travaux lunaires visant désormais à dénoncer « le racisme systémique endémique et patriarcal WASP » dans la prise en charge du patient atteint de cancer.
La multiplication exponentielle de ces travaux témoigne de la mise à disposition de fonds pour financer ce type de recherche tout aussi exponentielle, et l’ouverture d’appels d’offres richement dotés pour non plus développer de nouveaux traitements, mais désormais démontrer l’existence d’un « racisme systémique ». Pourtant, la pharmacogénétique, qui explore les dysrégulations génétiques influençant le devenir de certains médicaments dans l’organisme, n’a pas attendu la French Theory pour démontrer que les inégalités inter-ethniques ne doivent rien au racisme, mais tout à la génétique.
Quelques faits scientifiques
Depuis les années 90, il a été démontré que les polymorphismes de certains gènes comme le gène DPYD impliqué dans la métabolisation de médicaments de chimiothérapie anticancéreuse prédisposent par exemple plus les populations afro-américaines et les femmes à connaitre des surtoxicités chimio-induites (1) tandis que ce sont les populations blanches et asiatiques qui sont plus affectées par d’autres polymorphismes génétiques affectant le gène CYP2D6 obérant l’efficacité de certaines hormonothérapies dans le cancer du sein (2). En oncologue pédiatrique, la tolérance à une chimiothérapie très utilisée dans la leucémie chez l’enfant est gouvernée par deux gènes, le gène TPMT ne connaissant pas d’influence ethnique, tandis que l’autre, NUDT15, est plus fréquemment muté chez les petits asiatiques et les Mexicains (3). Ailleurs, il a été démontré que ce sont au contraire les populations asiatiques qui sont le plus avantagées dans la prise en charge du cancer du poumon avec certaines thérapies ciblées, en raison d’un profil...
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