Art

Affaire Wildenstein : la famille sous l’Occupation

7 min

RÉCIT 3/5 - La famille Wildenstein a été accusée d’avoir collaboré durant la Seconde Guerre mondiale, poussant le Congrès juif mondial à inscrire Georges sur une liste de suspects. En cause, des transactions avec le régime nazi.

daniel et alec wildenstein
Daniel et Alec Wildenstein, à Paris, 1973.SIPA

À l’âge de 5 ans, Daniel accompagne son père chez Lucie Cousturier, peintre pointilliste et vieille amie de Seurat, pour y admirer La Grande Jatte, alors en sa possession, aujourd’hui à Chicago. La collectionneuse lui demande ce qui l’intéresse. Celui-ci lui fait savoir qu’une « vespasienne » de Seurat lui plaît bien. C’est son premier achat. Quand la guerre éclate, Daniel se marie, puis est mobilisé sur le front de l’Est, direction La Moselle, la ligne Maginot à Bitche. C’est la « drôle de guerre»  : « Nous attendions quoi ? Rien... Nous étions comme des rats dans une crevasse [...] L’humidité, les cris, la bagarre. Quand je touchais le fond, je sortais mon petit tableau. »

En avril 1940, Daniel, atteint de tuberculose, est rapatrié à l’hôpital du Val de Grâce à Paris. Puis il gagne les routes d’Espagne, avec sa femme enceinte, son chien Mandy et son petit tableau sous le bras. Après avoir été arrêté un temps par les miliciens espagnols de Franco, il finit par rejoindre sa famille à l’hôtel du Roi René, à Aix-en-Provence. En juillet, ils apprennent que le régime de Vichy leur retire la nationalité française. Roger Dequoy, ancien bras droit de Georges dans la galerie londonienne, est engagé pour administrer la galerie parisienne en leur absence.

Les nazis, placés sous les ordres de l’idéologue Alfred Rosenberg, font main basse sur les plus belles collections « juives ». Lui-même est mandaté par Hermann Goering. Celui qui est désigné par Hitler comme son successeur, artisan de la « solution finale », est un passionné d’art, collectionneur compulsif et amoureux transi. Mégalomane, il fait ériger un mausolée au nom de son épouse perdue, le Carinhall (« le pavillon de Carin »), au nord de Berlin. Il y installe une importante collection de peintures et d’objets d’art qui grandit au rythme des pillages perpétrés en Europe. Goering...

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