En 1970, Daniel crée, avec sa sœur Miriam Pereire, une fondation d’histoire de l’art. Le W. Institute publie le catalogue de nombreux artistes, dont l'ensemble des œuvres de Claude Monet. Le lieu est aujourd’hui un centre documentaire d’histoire de l’art, comprenant une bibliothèque de plus de 400.000 ouvrages
Art
L’affaire Wildenstein : la ruée vers l’art
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RÉCIT 1/5 - Le troisième procès des héritiers de la famille de marchands d'art Wildenstein débute le 18 septembre au Tribunal de Grande Instance de Paris. Après avoir été contrainte de renoncer à sa part de l’héritage par ses deux beaux-fils, Sylvia Wildenstein, la veuve de Daniel, mort en 2001, avait porté plainte pour spoliation. Après sa disparition, les héritiers restent soupçonnés d'une fraude fiscale de centaines de millions d'euros. Immersion dans l’univers de la dynastie des plus grands marchands d’art du XXe siècle, à la tête d’une multinationale dont le patrimoine inestimable et sulfureux est secrètement entreposé dans les coffres de paradis fiscaux.

Factuel vous offre le premier épisode de cette série en cinq volets.
Wildenstein. Ce nom résonne comme une légende dans l’esprit de tous les amateurs d’art. Une collection fabuleuse, ou plutôt « un stock », car, pour un marchand, la valeur des œuvres compte moins que leur prix de vente. Nul ne connaît véritablement son étendue. Le chiffre de 10.000 peintures est souvent évoqué. « Le stock, c’est le nerf de la guerre », confiait Daniel Wildenstein, deux ans avant sa disparition. « Pourquoi ? Parce que c’est du rêve. Tout marchand d’art se doit d’entretenir l’illusion des chef-d’œuvres qu’il détient ou qu’il ne détient pas. Son stock se doit d’être mythique et mystérieux, afin de faire réfléchir le client qui va faire un achat ailleurs. »

Né à Fegersheim, en Alsace, en 1852, Nathan, le grand-père de Daniel, n’a peut-être jamais vu d’œuvre d’art. Affamé, il se fait embaucher chez un tailleur. « Dans l’échelle des juifs (sic) cela se situait juste avant vagabond », explique Daniel. Un jour, la comtesse Potocka, une relation, lui demande de négocier pour elle une toile de maître ancien, un portrait de dignitaire flamand attribué à Anthony van Dyck. Il commence par se renseigner au Louvre, à la galerie Georges Petit et au marché aux Puces. « Dix jours à regarder. À observer. À essayer de comprendre. À éduquer son œil. » Comme Claudel à Notre-Dame ou Moïse sur le mont Sinaï, Nathan reçoit la grâce. Elle s’incarne dans l’art du XVIIIe siècle. Une mine d’or qui gît à ciel ouvert, pour cause de désaffection du public. Avec sa commission, mille francs de l’époque, il élabore sa première théorie : « Qui va à Drouot tous les jours doit pouvoir gagner de quoi manger... et de quoi racheter. »

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Des faits
Le 18 septembre, au Tribunal de Grande Instance de Paris, débutera le troisième procès des héritiers de la renomée famille de marchands d'art, les Wildenstein. La veuve de Daniel Wildenstein, fondateur de l'empire familial et mort en 2001, Sylvia Wildenstein, avait porté plainte contre ses deux beaux-fils, qui l'avaient contrainte à renoncer à son héritage. Après la mort de Sylvia, les héritiers restent soupçonnés d'une fraude fiscale de centaines de millions d'euros.
Des effets
Daniel Wildenstein aurait amassé un stock de 10.000 peintures, dont des œuvres de célèbres peintres comme Picasso, Van Gogh ou Manet.
Exécuteurs testamentaires, marchands, experts, la patte des Wildenstein est sur de nombreuses successions. Hérités de grands collectionneurs, certaines pièces ont disparu du marché, les transactions se faisant généralement en liquide.