L’affaire Wildenstein : la ruée vers l’art
RÉCIT 1/5 - Le 3ème procès des héritiers de la famille de marchands d'art débute le 18 septembre. Après avoir été contrainte de renoncer à sa part de l’héritage par ses deux beaux-fils, Sylvia Wildenstein, veuve de Daniel, avait porté plainte pour spoliation.
Factuel vous offre le premier épisode de cette série en cinq volets.
Wildenstein. Ce nom résonne comme une légende dans l’esprit de tous les amateurs d’art. Une collection fabuleuse, ou plutôt « un stock », car, pour un marchand, la valeur des œuvres compte moins que leur prix de vente. Nul ne connaît véritablement son étendue. Le chiffre de 10.000 peintures est souvent évoqué. « Le stock, c’est le nerf de la guerre », confiait Daniel Wildenstein, deux ans avant sa disparition. « Pourquoi ? Parce que c’est du rêve. Tout marchand d’art se doit d’entretenir l’illusion des chef-d’œuvres qu’il détient ou qu’il ne détient pas. Son stock se doit d’être mythique et mystérieux, afin de faire réfléchir le client qui va faire un achat ailleurs. »
Né à Fegersheim, en Alsace, en 1852, Nathan, le grand-père de Daniel, n’a peut-être jamais vu d’œuvre d’art. Affamé, il se fait embaucher chez un tailleur. « Dans l’échelle des juifs (sic) cela se situait juste avant vagabond », explique Daniel. Un jour, la comtesse Potocka, une relation, lui demande de négocier pour elle une toile de maître ancien, un portrait de dignitaire flamand attribué à Anthony van Dyck. Il commence par se renseigner au Louvre, à la galerie Georges Petit et au marché aux Puces. « Dix jours à regarder. À observer. À essayer de comprendre. À éduquer son œil. » Comme Claudel à Notre-Dame ou Moïse sur le mont Sinaï, Nathan reçoit la grâce. Elle s’incarne dans l’art du XVIIIe siècle. Une mine d’or qui gît à ciel ouvert, pour cause de désaffection du public. Avec sa commission, mille francs de l’époque, il élabore sa première théorie : « Qui va à Drouot tous les jours doit pouvoir gagner de quoi manger... et de quoi racheter. »
35 ans plus...
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