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Journal de bord d’une cancéreuse - III - Voyage en chimiothérapie
![Seringue pour la chimio](https://images.factuel.media/hN6WxMX3PMQSkRimbikpL7M3L5w=/3840x0/smart/filters:quality(60):max_bytes(300000)/factuel/2023/07/96e3b2d5-3788-462d-b8ef-3a90bf453018.jpeg)
Je suis installée dans mon box de chimio, couvertures et manteaux sur moi. J’observe l’infirmier qui prend d’interminables précautions pour que sa peau ne se trouve jamais en contact direct avec le contenu de ma perfusion. Le risque de nécrose est réel. Devant l’énorme seringue rouge vif, je sens la nausée monter par le nez, ce goût et cette odeur métalliques étranges, tandis qu’il refait le point sur tous les temps de vigilance à observer. Je l’interromps en riant: « Vous vous rendez compte de tout ce que vous faites pour éviter d’être en contact avec ce produit… que vous êtes en train de m’injecter ? » Il s’arrête, réfléchit.
« Vous savez, la mémoire de ce produit reste : le professeur L. nous racontait qu’il avait un jour croisé une de ses patientes en rémission. Son traumatisme de la chimio était tellement fort que, bien que guérie, revoir son oncologue l’a fait vomir en pleine rue. Alors oui, c’est vrai, on vous injecte un poison. Mais un poison nécessaire et savamment dosé. »
![](https://images.factuel.media/Pwod_W4FFsmuAfxktUOtFCjaU-g=/0x0/smart/filters:max_bytes(300000)/factuel/2023/07/4de0dca1-d26d-494b-873f-424814368998.jpg)
De retour chez moi, je repense à ses mots. Un poison. Il n’y a absolument pas d’autre mot pour décrire ce qui m’arrive et va pulvériser mon existence pendant plusieurs mois.
Deux heures en moyenne après la chimio, la somnolence commence. Je m’écroule. Au réveil, c’est un tabassage en règle. Les nausées m’envahissent, je perds pieds, mon corps est vide. Je suis ravagée par ce qui me sauve, pulvérisée, nettoyée et molestée en même temps. Le réveil en pleine nuit me trouve couverte de sueur. Au matin, ce sont des lassitudes d’accouchée, l’impression d’avoir été piétinée par tous les chevaux de l’Apocalypse.
Durant les dix jours qui suivent chaque dose d’adriamycine et de cyclophosphamide, mon nez, mon front, mes mâchoires sont imprégnés jusqu’à l’os. Je frissonne en permanence, me nourrir devient une...
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