Énergie

Géopolitique du pétrole : échec de l’UE, succès des BRICS

Samuel Furfari

Strasbourg-Bruxelles, qui voulait briser l’avenir du pétrole, a réussi à augmenter les revenus des pays de l’OPEP, a permis au pétrole russe de circuler comme avant, mais vers l’est et n’a eu aucun impact sur la demande mondiale d’or noir. C’est un échec total de son agenda vert.

Puits de pétrole en Californie
Puits de pétrole en CalifornieKONRAD K./SIPA

Que ce soit la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen ou son vice-président, Frans Timmermans, n’ont pas hésité, même au début de la guerre en Ukraine, à faire croire aux médias subventionnés que les énergies fossiles n’ont pas d’avenir. Lors d’une conférence d’écologistes au siège bruxellois du Parlement européen les 15-17 mai 2023, la présidente a affirmé que « le modèle de croissance fondé sur les combustibles fossiles est tout simplement obsolète » (voir ici la vidéo) ! Dans le ghetto de Bruxelles-Strasbourg, ces propos sont applaudis et pris pour argent comptant, sauf qu’ils sont faux.

Le pétrole est toujours roi

Les données de la Statistical Review publiées cette semaine montrent qu’en 2022, le pétrole reste l’énergie la plus consommée dans le monde, avec 32 %, et même 38 % dans l’Union européenne. La raison en est simple : le secteur des transports dépend à plus de 90 % des produits pétroliers. Depuis les crises pétrolières des années 1970, la recherche d’énergies alternatives dans le secteur des transports a permis quelques progrès, mais ils sont bien insuffisants pour infléchir l’hégémonie du roi du pétrole. Ce n’est que lors des crises économiques que la consommation de pétrole diminue, le secteur des transports étant chaque fois fortement touché. La baisse a été particulièrement marquée lors de la crise de Covid, que ce soit dans l’UE, dans les autres pays de l’OCDE ou même en Asie. Cependant, la fin de la pandémie a été marquée par une nette reprise et, en 2022, la consommation de brut avait retrouvé son niveau de 2019.

On apprend également qu’en vingt ans, les réserves prouvées de pétrole sont passées de 1 301 milliards de barils (Gb) à 1 732 Gb. C’est normal, puisque — à l’exception de Bruxelles-Strasbourg — tout le monde sait que...

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Géopolitique de l’énergie

Puits de pétrole

Samuel Furfari est un ingénieur polytechnicien et docteur en sciences appliquées de l'Université libre de Bruxelles. Pendant 36 ans, il a été haut fonctionnaire à la Direction générale de l'énergie de la Commission européenne. Il est professeur de géopolitique et de politique énergétique depuis 20 ans, actuellement à l'ESCP-Londres et pendant 18 ans à l’ Université Libre de Bruxelles Il est l'auteur de nombreux articles et de 18 livres sur l'énergie et le développement durable. Son dernier livre est « Energy insecurity. The organised destruction of the EU’s competitiveness. »


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