Loi de programmation, sursaut ou illusion ?

Lors de son audition au Parlement, mi-octobre 2019, dans le cadre du projet de loi finance 2020 concernant les forces armées, le général d'armée François Lecointre, chef d'état-major des armées, avait exprimé ses craintes dans le domaine capacitaire et précisé que l'actuel modèle des armées n'était plus suffisant.

La loi de programmation 2024-2030, en cours de débat au parlement, n’est que la traduction de ce diagnostic. Car la source de nos maux provient essentiellement du même constat, ceux de notre impréparation agrémentée par un discours qui justifie certains choix qui ne sont pas voulus, mais subis. Notre résilience à réagir aux crises d’origines diverses – qui ne manqueront pas de surgir dans un avenir proche – est inversement proportionnelle aux bavardages que nous subissons.

L’ours a montré ses griffes, et celles-ci sont émoussées

Paradoxalement, la guerre en Ukraine, après une certaine forme d’urgence des premiers mois, semble renforcer l’idée que nous avons le temps. L’espoir à peine inavoué d’espérer l’affaiblissement de la Russie semble justifier déjà un relâchement dans l’effort.

Les nations qui se considèrent de second rideau, telles que l’Allemagne, la France, l’Italie, l’Espagne ou la Belgique, commencent à justifier l’étalement des programmes par ce fait.

La Russie ne serait plus en l’état de menacer l’Europe occidentale, il faudrait, tout d’abord, qu’elle envahisse l’Europe orientale et les pays Baltes, Norvège et Suède inclus. Son armée affaiblie par la résistance ukraino-otanienne mettra des années avant de retrouver des capacités offensives suffisantes. Bref l’ours a montré ses griffes et celles-ci sont émoussées.

Quand Machiavel fait de la politique, la morale n’est pas une option. D’ailleurs, les pays d’Europe orientale qui ont connu le joug soviétiques s’en souviennent. Ils ne nous font pas confiance. Pour eux, la défense européenne existe. C’est les États-Unis et l’Otan. Mais il existe d’autres faits qui ont...