Santé

Hyménoplastie : une opération surfacturée par certains chirurgiens

Robin Jafflin
8 min

Souvent méconnue, l’opération de reconstruction de l’hymen est l’une des expressions silencieuses des violences faites aux femmes. La pratique divise et fait débat depuis de nombreuses années, y compris au sein de la communauté médicale.

chirurgie hymen
SYSPEO/SIPA

« Je ne pouvais pas perdre ma famille ». C’est souvent la phrase qui ressort lorsque l’on demande à une femme ayant eu recours à l’hyménoplastie pourquoi elle a décidé d’être opérée. Beaucoup jouent leur survie sociale et familiale à travers cette opération. L’hymen, cette simple membrane qui ferme partiellement le vagin, et qui est, pour beaucoup, le symbole même du concept de virginité, est devenu un objet de soumission et d’emprise pour les uns, et un business pour d’autres. Si il est difficile de quantifier précisément l’ampleur du phénomène, il existe en revanche une temporalité, liée à l’approche de l’été - la saison des mariages -, selon certains praticiens, en particulier esthétiques.

Des chirurgiens plastique qui en profitent d’un côté

Si l’hyménoplastie n’est pas une intervention lourde, elle repose malgré tout sur le poids d’un modèle où la femme est « au service et à la merci de l’homme ». Auparavant plus discret, cet acte chirurgical est aujourd’hui affiché sans détour sur les sites des chirurgiens plastique. Le prix est d’ailleurs très souvent indiqué à la suite de la description de l’opération. Il faut compter en général 1500 euros environ pour une hyménoplastie. Parfois un peu moins, souvent plus. Certains praticiens vont jusqu’à facturer 4000 euros pour une opération qui « est toute simple », d’après la docteure Abramowitz, gynécologue au CHU de Montreuil. « Concrètement, il s’agit simplement de faire une égratignure à l’intérieur du vagin puis de mettre un point sur la fine partie de peau, décrit-elle. C’est l’affaire d’une trentaine de minutes tout au plus ». Dès lors, comment expliquer que cette opération soit facturée si chère ? Les praticiens que nous avons interrogés évoquent le coût de location du bloc, mais ce facteur n’explique pas à lui seul ces tarifs astronomiques. « On peut facilement dire que ces confrères profitent de l’aspect vital et contraint pour ces femmes, pour faire monter les prix et en profiter », analyse la docteure Abramowitz.

L’opération, en plus d’être rapide, n’est évidemment pas définitive. « Le but est qu’il y ait un saignement au moment de la nuit de noces. On effectue donc généralement l’acte quelques jours avant le mariage. Finalement, ce n’est pas l’hymen qui...

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