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À Marseille, non en France
« À Marseille et non en France », c’est ainsi que le pape François a annoncé sa venue dans la cité phocéenne. Pour le souverain pontife, cela signifiait qu’il ne s’agissait pas d’une visite d’État. Mais de ce côté-ci des Alpes, la formule résonne autrement, car Marseille est régulièrement accusée, par l’extrême droite, de ne pas être tout à fait française. Cette détestation a une histoire.
![Marseille](https://images.factuel.media/z_FEiAgPN2ku_JzG8AI67jbC2PE=/3840x0/smart/filters:quality(60):max_bytes(300000)/factuel/2023/10/SIPA_sipausa30344955_000001.jpeg)
La deuxième ville de France occupe, il est vrai, une place singulière dans les représentations nationales : ville frondeuse à forte identité, elle s’est constamment opposée au pouvoir central. Cela ne date pas d’hier : sous César, elle avait déjà choisi Pompée ! Elle fut girondine sous les montagnards, royaliste sous l’Empire, et républicaine sous la monarchie restaurée. C’est peu dire que les autorités centrales se méfient de Marseille. Quant aux Marseillais, ils savent que le fort Saint Nicolas, érigé sous Louis XIV, avait pour vocation de contrôler la ville, en la menaçant de ses canons plutôt que de la protéger.
Puis ce fut l’expansion coloniale qui en fit le premier port de France. La ville y gagna le surnom de « porte de l’Orient » et devint une ville cosmopolite, ce qu’elle est restée. Quoi de plus normal pour une cité fondée par des étrangers il y a 2600 ans, et dont le mythe fondateur raconte l’alliance entre le marin grec Protis et la princesse gauloise Gyptis, métissage inaugural. Ici des dizaines de milliers de Corses, d’Italiens, de Grecs d’Espagnols, d’Arméniens, de Pieds Noirs, d’Algériens, de Marocains, de Tunisiens, de Comoriens ont posé leurs baluchons et sont devenus Marseillais avant d’être Français. Au recensement de 1911, un habitant sur quatre est étranger !
C’est justement pour cela que l’extrême droite déteste Marseille, placée sinon dans l’anti-France, en tout cas à côté de la France. Cette détestation a une histoire. Au XIXe siècle, les Parisiens se croyaient drôles en disant que les Marseillais sentaient l’ail et l’huile d’olive. La théorie des climats, forgée par Montesquieu – le froid fait des hommes courageux, la chaleur des paresseux et des lâches – a fini par devenir vérité grâce à la force de la littérature et du personnage de Tartarin de Tarascon, stéréotype du Méridional, fort-en-gueule et fanfaron. Le...
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