Education sexuelleEnfance

Instruction ou intrusion ? Les enjeux de l'éducation sexuelle à l’école primaire

Sophie Cottin-Badelon

Le Conseil Supérieur des Programmes a récemment dévoilé son projet d'éducation à la sexualité, de l’école primaire au lycée. Mais cet enseignement, qui se veut, à l’instar des mathématiques ou de la grammaire, un enseignement à part entière, soulève une question délicate : ce texte respecte-t-il le développement unique de chaque enfant sans être intrusif ? Cet article invite à une réflexion sur cette nouvelle immiscion de l’école dans la sphère intime des élèves.

Ecole
Illustration d'une fille traversant un parc pour aller a son école maternelle a SautronSIPA

Le 5 mars dernier, le CSP (conseil supérieur des programmes) a publié son projet d’éducation à la sexualité à l’école. Soixante-cinq pages définissent son organisation et sa mise en oeuvre autour de trois axes :

- Se connaître, vivre et grandir avec son corps.

- Rencontrer les autres et construire des relations, s’y épanouir.

- Trouver sa place dans la société, y être libre et responsable.

L’École va-t-elle devenir un éducateur (trop) précoce ?

Dès l’introduction, le document précise : « La sexualité, jointe à la très grande variété des expériences tant sensibles qu’intellectuelles, des plaisirs et des désirs qui lui sont associés, participe de la recherche humaine d’une vie accomplie. Elle requiert un degré de maturité et de responsabilité auquel il s’agit de préparer les élèves, très progressivement et en respectant leur rythme de développement. »

Et pourtant, le principe du respect du rythme du développement de chaque enfant est nié par l’obligation même de cet enseignement et l’injonction que tous les enfants d’une même classe d’âge y participent de manière indifférenciée. Et ce principe est d’autant plus vrai que les enfants sont jeunes.

C’est ce point majeur qui pose question. L’école primaire du XXIe siècle s’est donné pour mission de pénétrer l’intimité des petits Français de manière totale : on y sonde les cœurs et les reins, les émotions, le degré d’empathie et parfois même la température (en période de pandémie) !

Pourtant, ce document tente d’être rassurant quant aux éventuelles dérives d’un tel enseignement, dérives qui ont déjà été de trop nombreuses fois constatées.

Il présente, en annexe 1, les « préconisations » relatives à l’application de ce programme, dont la première est l’obligation de sa mise en œuvre.

Une obligation ? Drôle de préconisation !

Il insiste aussi sur l’agrément « dûment vérifié et actualisé » des intervenants extérieurs auxquels les écoles peuvent avoir recours, à la...

Commentaires

Pour une école choisie

Ecole

Sophie Cottin-Badelon est enseignante en primaire depuis plus de 20 ans. Observatrice de terrain, elle réfléchit aux enjeux de l’école d’aujourd’hui et de demain, en ne perdant jamais de vue les notions de liberté et de responsabilité. « Pour une École Choisie » se présente comme un plaidoyer pour une école en quête d'excellence, véritablement choisie et façonnée par ceux qu'elle est destinée à servir : enseignants, élèves, familles.


Factuel ouvre un espace blogs, distinct de la rédaction et en accès libre. Nous y accueillons des blogueurs invités, que nous avons sélectionnés pour la force de leur témoignage ou l’acuité de leur regard sur le monde et la société. Nous y convions des experts de multiples spécialités (géopolitique, défense, énergie…) qui y trouveront un espace d’expression libre. 

Cette partie de notre site sera aussi ouverte à des voix de la société civile qui donneront ainsi à voir différentes facettes de la réalité de notre société et de ses mutations.

DÉCOUVRIR LA CHARTE