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Éducation nationale : l’ébranlement des lumières
Depuis décembre 2023, soit il y a près de cinq mois, le monde de l’Éducation nationale est en effervescence. Effervescence de déménagements, trois ministres se sont succédé en quelques mois à peine, et effervescence d’idées lancées à la va-vite répondant au nom de « choc des savoirs ». Cinq mois plus tard la mobilisation, vue de Nantes, est inédite tant elle touche parents, chefs d’établissement et enseignants.
On pouvait s’attendre à un positionnement très franc des enseignants contre cette réforme. Assez rapidement, les parents d’élèves de collège, mais aussi des écoles primaires pour les classes de CM1, CM2 sont entrés dans la danse. Dans l’Ouest, c’est par le biais de communautés WhatsApp tentaculaires que la mobilisation s’entretient. Le groupe des parents d’élèves de l’Académie de Nantes encadre les groupes des collèges et des écoles mobilisés. Les parents d’élèves du primaire se sont aussi rassemblés dans des groupes communs à plusieurs écoles, centrés au niveau municipal. De Saint-Nazaire à Laval, c’est toute une académie, tirée par le 44 qui se mobilise tant bien que mal. Depuis quelques jours, c’est un fait assez rare pour être mentionné, une trentaine de chefs d’établissement de Loire-Atlantique exprime publiquement son désaccord avec une tribune publiée sur la revue du café pédagogique, reprise par le site Mediapart et d’autres titres nationaux.
Le premier paragraphe annonce la couleur : « Nous sommes très attachés à la mixité scolaire que nous considérons comme un principe républicain. Pour nous, les groupes de besoins entérinent une forme de tri scolaire qui est contraire à nos valeurs républicaines. En instaurant le choc des savoirs, vous nous demandez de poser des actes qui sont contraires à notre déontologie. »
Les personnels de direction sont par essence plutôt calmes dans leurs revendications. Les chefs d’établissements, souvent plus syndiqués que les enseignants, ont littéralement le derrière entre deux chaises. Coincés entre d’une part la loyauté due à l’administration et leur hiérarchie et d’autre part la réalité d’un terrain de plus en plus savonneux où ils doivent s’improviser formateurs, recruteurs, médiateurs et managers de leurs équipes. Pour la première fois en près de quinze ans de carrière, je vois des chefs d’établissement émettre des réserves publiquement sur une réforme imposée par le gouvernement. Ils...
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