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Bons baisers de Russie : science et idéologie, hier en URSS, aujourd'hui aux Etats-Unis (Partie 3)
Ce blog donne une nouvelle fois carte blanche à Anna I. Krylov, professeur de chimie à l'Université de Caroline du Sud, dont nous publions ici traduit la dernière partie de l'article publié initialement en anglais.
![Cours de chimie au lycée (l'auteur est au premier rang à droite), vers 1982-1983. La photo, qui a été mise en scène, montre des étudiants heureux et souriants ; cependant, une photo similaire aurait pu être prise lors d'une séance de Politinformation (orientation politique), au cours de laquelle nous aurions condamné l'Occident et l'impérialisme américain, ou lors d'une séance de lutte au cours de laquelle un camarade de classe "politiquement myope" ou "philosophiquement intoxiqué" aurait été mis à l'écart. Image tirée des archives personnelles de l'auteur.](https://images.factuel.media/8uGxbPIeinvXTyQQrlyCaZorN0o=/3840x0/smart/filters:quality(60):max_bytes(300000)/factuel/2023/08/Image1_1.jpeg)
En Russie, nous ne connaissions pas le mot « pluralisme ». Je l'ai entendu pour la première fois à la fin des années 80. Les pensées et les actions non conformes étaient punies – jusqu'à des peines de prison ou d'asile psychiatrique [18].
Ne pas parler ne suffisait pas – il fallait s'engager avec enthousiasme. « Qui n'est pas avec nous est contre nous. » Je me souviens de ce slogan de la première année de l’école élémentaire. Et que Dieu aide ceux qui sont contre nous...
La coercition sociale a été largement utilisée. Nous n'avions pas de médias sociaux à l'époque, mais il y avait d'autres outils pour ostraciser ; comme la condamnation publique lors d'une assemblée scolaire, ou lors d'une réunion de classe, ou dans un journal scolaire. Pour les grands noms, il y avait la grande presse.
Maintenant, en Occident, nous vivons dans l'ombre de la Cancel Culture
Des personnes sont désinvitées et exclues des plateformes médiatiques. Elles peuvent être appelées à comparaître devant des juridictions d’enquêtes administratives et de réexamens, ce qui est une forme de sanction [27]. Le cas de Dorian Abbot en est un bon exemple [7].
Des articles scientifiques sont retoqués ou auto-censurés, non sur la base de préoccupations scientifiques, mais parce que les résultats peuvent être jugés offensants pour des individus et/ou des communautés d’individus, ou parce qu'ils contredisent le récit dominant. On peut constater de nombreux exemples dans le domaine de la biologie [15], mais cette intrusion idéologique ne se limite pas aux sciences de la vie [28-32].
Les mécanismes de censure et de répression sont différents de ceux utilisés en Russie soviétique. Ils ne sont ni promus, ni administrés par le gouvernement, mais plutôt par des « justiciers » de Twitter ou autres réseaux, par des foules d'indignés qui utilisent les médias sociaux pour...
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