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Chili : vers l'impasse du processus constituant ?
Le 17 décembre prochain, les Chiliens seront appelés aux urnes afin de décider d’adopter – ou non – un projet de nouvelle Constitution visant à remplacer celle votée sous la dictature de Pinochet. Après un premier texte rejeté en 2022 car trop progressiste, il est plus que possible que cette nouvelle proposition échoue elle aussi à convaincre les électeurs mais, cette fois, cela serait par excès de conservatisme.
Le processus constituant dans lequel le Chili s’est engagé est directement issu de l’explosion sociale (estallido social) de la fin de l’année 2019, qui rappelle d’ailleurs par bien des aspects le mouvement des Gilets Jaunes.
Le 6 octobre 2019 entre en vigueur une hausse du prix du billet de transport dans la ville de Santiago, capitale du Chili : immédiatement, des milliers d’étudiants manifestent. Le mouvement prend rapidement de l’ampleur et dépasse largement les rangs estudiantins, devenant un large rassemblement des mécontents ; de plus, la répression violente du mouvement (31 manifestants perdront la vie) choque une large part de la société chilienne, délégitimant encore davantage le gouvernement et faisant accepter les violences commises par certains manifestants. Les revendications se politisent, dépassent la simple question initiale du tarif des transports : éducation, retraites, égalité femmes-hommes, les revendications se multiplient et donnent voix à des décennies de frustration. Un des slogans des manifestants indique ainsi : « Le problème ne vient pas de trente pesos, mais de trente ans » (« no son treinta pesos, son treinta años »). Trente ans, comme le temps écoulé depuis le retour de la démocratie au Chili en 1990.
Ce mouvement social explosif est intervenu à la suite de trois décennies lors desquelles eurent lieu deux phénomènes parallèles : une décroissante participation électorale, et une homogénéisation de l’offre politique. Là encore, le Chili ne nous paraît pas si étranger.
Mais le sujet qui nous occupe n’est pas ce quasi-soulèvement de 2019 : retenons simplement que, afin d’y répondre, les partis politiques se mirent d’accord sur l’enclenchement d’un processus de révision constitutionnelle, solution qui fut approuvée par un référendum le 25 octobre 2020. Lors de ce vote, près de 78% des électeurs approuvèrent la rédaction d’une nouvelle Constitution, tandis que 79% émirent le vœu que le nouveau texte soit rédigé par...
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