Chronique d'une épuration ethnique annoncée

Au cours d’une escalade grave des opérations militaires, les victimes recensées s’élèvent officiellement à plus de 200 morts, des centaines de blessés, y compris des civils, femmes et enfants. La capitale, Stepanakert et des villages entiers ont été bombardés, des milliers de familles sont déplacées, sans que la prise en charge humanitaire ne soit encore effective. Les images qui nous viennent du Haut-Karabagh sont choquantes et confirment que l’Azerbaïdjan est en train de procéder à un nettoyage ethnique. Des mères essaient de retrouver leurs enfants égarés, d’autres enfants sont blessés ou mutilés, sans possibilité de soins, les services hospitaliers étant privés de tout, y compris de médicaments et d’électricité. La forte dégradation de la situation humanitaire sur place ces derniers mois laissait pourtant présager du pire. Les analyses des spécialistes convergent pour mettre en garde contre un processus génocidaire qui peut encore être stoppé si la communauté internationale daigne se mobiliser, au nom de l’histoire et de l’humanité.

 Les gens craignent que les soldats azerbaïdjanais puissent entrer dans la ville à tout moment et commencer des massacres. 

à la suite d’un blocus qui aura duré dix mois, la population de l’Artsakh, nom arménien du territoire du Haut-Karabagh, est très affaiblie. Les trois derniers mois ont notamment été très éprouvants pour les habitants de la petite enclave : la Croix Rouge ne pouvait plus circuler, et tous les camions d’aide humanitaire acheminés via le corridor de Latchine sont restés bloqués, à l’entrée, au niveau du checkpoint et ne sont jamais parvenus à destination. À l’exception d’un seul camion qui a servi de leurre, la veille de l’attaque azérie. Un « cessez-le-feu » a été décrété, le 20 septembre, qui a pris rapidement des allures de « reddition », comme le souligne le représentant de la République d’Artsakh en France, Hovhannès Guévorkian, dans la mesure où des...