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Conflit en Ukraine, le temps joue pour Poutine

Roland Pietrini

Alors que le conflit en Ukraine s’installe dans la durée, et qu’un certain nombre d’enseignements, après la stupeur de l’offensive de février 2022, semblent avoir été tirés par les États-Majors de la coalition des pays de l’Otan, il parait utile de se placer du côté de la Russie et de l’armée russe, afin de comprendre si, à son tour, celle-ci s’est adaptée à l’évolution du conflit.

Chars ukrainiens en route vers le front
Chars ukrainiens en route vers le front Yan MORVAN/SIPA

C’est ce que l’IFRI (Institut Français des Relations Internationales), dans un document intitulé « Que pense l’armée russe de sa guerre en Ukraine ? », sous la plume de Dimitri Minic (1), analyse dans son document fort intéressant et récemment publié.  C’est aussi l’occasion de réfléchir sur l’avenir de ce conflit.

La guerre sans contact

La guerre sans contact (ou lutte armée à distance) est prévue par la théorie militaire russe au début des années 2000, elle consiste à traiter l’ennemi à distance par l’artillerie et les frappes dans la profondeur, en évitant le contact. Or, l’opération militaire spéciale (SVO) a précisément engagé l’armée russe dans un processus inverse, en engageant ses forces profondément dans le territoire ukrainien, sans préparation suffisante, au contact direct des forces ukrainiennes, qui ont su tirer avantage d’une telle situation en fractionnant les éléments de tête, en coupant les lignes de communication et les axes logistiques, et en menant un combat de harcèlement et de destruction systématique des colonnes blindées par des éléments légers et mobiles. L’opération de l’armée russe de type Blitzkrieg (guerre éclair) s’est rapidement transformée en déroute, notamment sur l’axe Nord vers Kiev, les forçant au repli. 

Depuis, il ne faudrait pas avoir la naïveté de croire à l’immobilisme de la pensée russe. L’armée russe est passée d’une phase très critique de sa guerre en Ukraine à une phase qui apparait plus constructive, notamment en tentant d’emmener l’armée ukrainienne à reproduire dans sa phase offensive actuelle les mêmes erreurs qu’elle avait commises ; colonne blindée engagée sans appui du génie et du déminage, manque de couverture aérienne, insuffisance du renseignement, analyse sommaire de la situation – l'amenant à tomber dans des embuscades génie, après avoir été canalisée. L’armée russe a appris à manœuvrer, alors que l’arme ukrainienne, fière de ses succès du printemps, est retombée...

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Post Scriptum Défense

Roland Pietrini, après une carrière militaire orientée vers la recherche et le renseignement en France et à l’étranger, pour l’essentiel dans les ex-pays de l’est, a participé durant 15 ans, en qualité de consultant indépendant, à des études pour des institutions étatiques dont la DGA et l’état-major de l’armée de terre, notamment dans le cadre de l’évolution et de l’adaptation du programme Scorpion.  Ancien major, puis officier de réserve, mais aussi chef d’entreprise, il est spécialiste des questions de défense en France et excellent connaisseur de l’évolution des forces armées étrangères. Il anime également le blog Athéna défense et est par ailleurs rédacteur d’articles, écrivain et romancier et intervient dans différents médias.


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