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Élections paraguayennes : retour sur l'étonnante et franche victoire du parti au pouvoir
Le 30 avril dernier se sont tenues les élections générales paraguayennes, lors desquelles les Paraguayens étaient appelés à élire leur président (et vice-président) mais aussi leurs députés et sénateurs, ainsi que nombre d’élus locaux.
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A rebours d’une tendance à la défaite du parti en place bien établie dans le sous-continent ces dernières années, le Partido Colorado – « Parti Rouge », que je présenterai plus loin mais dont je précise d’ores et déjà qu’il est tout, sauf communiste –, déjà au pouvoir en la personne du président sortant Mario Abdo Benítez, a vu son candidat Santiago Peña l’emporter largement ; il a en effet obtenu plus de 42% des voix, contre seulement 27% et 23% pour ses deux principaux concurrents – l’élection présidentielle paraguayenne est une élection au scrutin majoritaire à un tour, comme son équivalente mexicaine. Le nouveau président entrera en fonction le 15 août prochain, pour un mandat de cinq ans non renouvelable.
Ces élections sont l’occasion de revenir rapidement sur l’histoire politique de ce pays méconnu – et dont il faut connaître ne serait-ce que les grandes lignes pour comprendre l’élection qui vient d’avoir lieu.
Bipartisme asymétrique et démocratisation difficile
Comme nombre de pays latino-américains, le Paraguay est marqué par un vieux bipartisme, avec d’une part un parti conservateur, le Partido Colorado (« parti rouge », sous son nom officiel actuel « Association nationale républicaine »), et d’autre part un parti libéral (qui a pour nom officiel actuel « Parti libéral radical authentique »). Fondés tous deux en 1887, ils font d’ailleurs partie des partis les plus vieux du continent – seuls leurs équivalents colombiens et uruguayens les surpassent en longévité.
Soulignons cette spécificité paraguayenne qui peut prêter à confusion : le parti conservateur historique a le rouge pour couleur emblématique, et cette couleur est inscrite jusque dans son nom – en tout cas son nom usuel.
Jusqu’en 1936, les deux partis se sont partagé le pouvoir, contournant par diverses entourloupes la constitution libérale de 1870 – ainsi, jusqu’à cette date, et à une exception près, il n’y a jamais eu...
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