Énergie

Énergies renouvelables, interconnections, réseaux : la concurrence pour les câbles sera rude !

Éric Sartori

Pourtant habituellement très optimistes sur les programmes renouvelables, les experts de l’Institut Jacques Delors commencent à s’inquiéter : « L'Europe a besoin d'un plan d'urgence pour maintenir l'équilibre du réseau électrique à partir des étés de la prochaine décennie, lorsque la part des énergies renouvelables dans le mix électrique sera beaucoup plus élevée et le risque de canicules estivales plus fréquent ... Ce qui manque est un véritable "stress test" qui inclut la plus grande part de variabilité des renouvelables surtout à l'horizon 2030 » a ainsi déclaré Phuc-Vinh Nguyen, chercheur sur les politiques française et européenne de l’énergie à l'Institut Jacques Delors.

Eoliennes en mer
Eoliennes en merSebastien SALOM-GOMIS/SIPA

On peut en effet s’étonner de l’accumulation d’objectifs irraisonnables et hors de propos, comme la récente décision des législateurs européens d'augmenter l'objectif contraignant en matière d'énergies renouvelables pour 2030 à 42,5% de la consommation d'énergie contre 32% auparavant. Une décision prise sans étude d’impacts, sans stress tests et hors de propos, car, enfin, ce qu’il s’agit de baisser, ce sont les émissions de gaz à effet de serre, et cela ne va pas de pair avec l’augmentation des ENR dans la production électrique, bien au contraire, comme l’a souvent expliqué Fabien Bouglé sur ce blog.

Face à cette inquiétude, la solution promue par la Commission européenne est l’expansion des réseaux et des interconnexions, considérée comme clef de voûte de la sécurité d’alimentation. Interconnecter toujours plus des pays qui, dans une sorte de course malavisée à l’échalotte, ont tous diminué leur production d’électricité pilotable et augmenté celle d‘énergies variables intermittentes peut laisser dubitatif, mais la faisabilité elle-même est en cause. Des analystes ont en effet exprimé des doutes quant à la capacité des pays de l'UE à renforcer les réseaux et les liaisons transfrontalières à temps, certains projets étant techniquement difficiles à réaliser, notamment l'installation de câbles sous-marins. Par exemple, la France prévoit de doubler ses interconnexions pour atteindre 30 GW d'ici à 2035, pour un coût de EUR 33 milliards, selon RTE. « Il s'agit de projets lourds », a déclaré Nicolas Goldberg de Colombus Consulting, surtout dans le cas des liaisons sous-marines : « Il y aura plus d'interconnexions à l'avenir, mais doubler la capacité est un peu ambitieux. »

Déjà des retards importants


Ainsi, le câble électrique NeuConnect (700 kilomètres) permettra pour la première fois à l’Angleterre et à l’Allemagne d’échanger directement de l’électricité devait être mis en sercvice en 2024, il subira un retard d’au moins quatre ans. Si le Viking...

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Enquêtes et énergie

fabien bouglé

Ingénieur ESPCI, docteur ès sciences, auteur entre autres d’Histoire des Grands scientifiques Français chez Tempus en 2012. Il intervient comme expert en politiques énergétiques auprès de diverses associations et organismes.


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