SociétéSanté

État de stress post-traumatique et raptus suicidaire : et si le suicide n’était pas toujours un acte de pleine conscience ?

Aurélien Dhaussy

C’est un fait, nous le savons, bon nombre de blessés psychiques  – qu’ils soient issues des armées, des forces de l’ordre ou des pompiers – « décident » de mettre fin à leurs jours, à leurs souffrances. Et quelles souffrances !

Hopital d'instruction des armees (HIA)
Hopital d'instruction des armees (HIA)ISA HARSIN/SIPA

Vivre avec un État de Stress Post-Traumatique (ESPT) est un combat quotidien. Une guerre après la guerre. Chaque moment de vie impose une réflexion quant au bon déroulement de ce dernier.  Combien de personnes seront présentes ? Quels sont les trajets possibles pour se rendre à tel endroit ? Quels sont les différents scénarios, du pire au pire ? Car le meilleur n’est pas envisagé, et ne demande aucune planification, à tel point qu’on n’en profite même  pas... Quelles seront les solutions de repli en cas de danger imminent – sachant que l’hypervigilance engendrée par l’ESPT entraine un biais cognitif, qui pousse le blessé à se convaincre que le danger est de toute façon imminent ? C’est un état de stress permanent, qui provoque de la fatigue physique et psychologique, des tensions, des douleurs, de l’irritabilité, de la colère... Colère et irritabilité, qui bien souvent provoquent des conflits au sein des familles, au-delà du décalage et de l’incompréhension des proches, ainsi que de leur incapacité à se projeter dans la tête du blessé. Mais l’idée du suicide ne vient pas toujours de là.

Si l’éloignement affectif au sein de la cellule familiale et le manque de soutien des institutions – tant sur le plan administratif qu’humain – peuvent amener de l’eau au moulin de la dépression, il est aussi possible que l’idée de mettre un terme à son existence relève d’un aspect plus « physiologique ». Certains diront « Non ! Psychologique ! ». Certes, mais c’est en réalité une réponse à un besoin physiologique : se soustraire au stress.

Le raptus suicidaire, qu’est-ce que c’est ?

En avez-vous déjà entendu parler ? Personnellement, cela fait peu de temps que je suis familier avec ce concept. Je l’ai découvert après un épisode anxieux, ayant débouché sur des idées noires que je n’arrivais plus à contrôler. Prisonnier de ces pensées et de ce...

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Ce qu'il reste de nous...

Aurélien Dhaucy

Militaire en voie de reconversion, blessé en 2016 lors de l’opération Barkhane après un bombardement au Mali, diagnostiqué d’un état de stress post-traumatique en 2019. Il a quitté le service actif la même année, et lutte depuis pour sa reconstruction et la reconnaissance de sa blessure invisible. Il a décidé de s’engager comme porte-parole des blessés psychiques, et œuvre au profit de ces derniers, notamment par son engagement sur les réseaux, les médias, et par ses actions en partenariat avec l'HIA Legouest, à Metz, visant à recréer du lien social entre les blessés, souvent éseulés. Il est également l’auteur de deux ouvrages sur le thème de la blessure psychique, dont le dernier : « Ce qu’il reste de moi... », publié par les éditions NomBre7, permet une approche accessible et néanmoins complète du SSPT, afin que tout à chacun puisse en comprendre tous les aspects, et ainsi sortir des jugements conditionnés par l’incompréhension. Il servait autrefois la France armé d’un fusil. Aujourd’hui blessé, il a décidé de servir ses camarades, armé cette fois de sa plume et de sa passion pour l’écriture.


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