Il y a quarante ans, la Marche pour l’égalité et contre le racisme

Pour en saisir toute l’importance, il faut revenir sur le contexte dans lequel elle se déroula. Depuis les années 1970, la place des immigrés dans la société française a très fortement évolué. D’une part, l’autorisation du regroupement familial a bousculé les problématiques sociales liées aux populations étrangères ; d’autre part, l’installation progressive dans les logements HLM ne se fait pas sans difficultés dans la mesure où il s’est agi surtout de les loger dans les zones urbaines les moins attractives. 

Très vite, les pouvoirs publics pointent la question de l’intégration de la « seconde génération », majoritairement maghrébine, de ceux qui ont alors entre 15 et 25 ans à l’époque et qui, pour une partie, sont nés en France. Nombreuses sont les études consacrées à celles et ceux qui sont destinés désormais à vivre pour l’essentiel en France. Pourtant, ce qui ressort surtout pour l’opinion publique, ce sont les exactions qui sont commises par certains de ces jeunes, notamment dans l’Est lyonnais et qui font d’eux en quelque sorte les nouveaux marqueurs des peurs urbaines.

Nouvel espoir populaire avec Mitterrand

La victoire de François Mitterrand porte en elle un véritable espoir populaire. Français et immigrés espèrent ainsi voir leur vie s’améliorer grâce à un changement réel de politique. Mais très vite, l’heure est au désenchantement. Le choix de la rigueur économique met un terme à la parenthèse enchantée de la relance par la consommation, ce qui ne sera pas sans incidence sur les projets de transformation urbaine lancés sous l’égide de la Commission nationale pour le développement social des quartiers. 

D’autre part, l’arrivée de la gauche au pouvoir s’est également traduite par une radicalisation de certaines opinions politiques. C’est au cours de la campagne électorale pour les municipales de 1983 que le thème de l’insécurité s’impose. C’est d’ailleurs à partir de ces...