ÉnergiePolitique

La Désunion européenne

Samuel Furfari

L’utopie verte de Bruxelles-Strasbourg et son antinucléarisme primaire mettent de facto fin au traité Euratom. A un an jour pour jour des élections européennes, comment éviter que les prochaines étapes soient la Désunion européenne et la décroissance ?

 Ursula von der Leyen au Parlement européen
Ursula von der Leyen au Parlement européen Aurelien Goubau/SIPA

Le traité instituant la Communauté européenne de l’énergie atomique, communément appelé traité Euratom, a été signé le 25 mars 1957 à Rome. L’objectif des fondateurs de ce qu’on appelait alors la Communauté européenne était de la doter d’une énergie abondante et bon marché.

Au début était l’énergie abondante et bon marché

Le traité Euratom visait cet objectif. Son ambition était d’organiser « les conditions du développement d’une puissante industrie nucléaire » capable de garantir l’indépendance énergétique des six pays fondateurs de l’UE. Il a permis la construction d’une industrie nucléaire florissante… jusqu’à il y a quelques années. Ce traité extrêmement bien conçu n’a pas dû être révisé depuis 76 ans ; tout avait été pensé, y compris la sûreté et la sécurité de toute utilisation de matières fissiles et qui donne lieu à une direction de l’inspection nucléaire au sein de la Direction générale énergie de la Commission européenne.

Cela a permis aux États membres qui ont développé l’énergie nucléaire civile de disposer d’une électricité bon marché tout en maîtrisant la sécurité de l’approvisionnement en électricité. L’arrivée à maturité de l’énergie nucléaire dans les années 1970 a permis à l’UE de ne plus utiliser de produits pétroliers pour produire de l’électricité, ce qui a grandement contribué à briser la stratégie géopolitique de l’OPEP visant à forcer les pays occidentaux à abandonner leur soutien à Israël.

Aujourd’hui, l’électricité nucléaire représente un quart de la production de l’UE. En France, pays le plus nucléarisé, elle fournit 41 % de la demande d’énergie primaire, ce qui en fait l’un des rares pays au monde où la part du pétrole dans le bouquet énergétique n’est pas la plus élevée.

Mais entre-temps, l’UE est devenue verte et Bruxelles-Strasbourg n’accepte plus que les énergies tolérées (éolienne et solaire). La Commission européenne, censée être la « gardienne des traités », bafoue...

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Géopolitique de l’énergie

Puits de pétrole

Samuel Furfari est un ingénieur polytechnicien et docteur en sciences appliquées de l'Université libre de Bruxelles. Pendant 36 ans, il a été haut fonctionnaire à la Direction générale de l'énergie de la Commission européenne. Il est professeur de géopolitique et de politique énergétique depuis 20 ans, actuellement à l'ESCP-Londres et pendant 18 ans à l’ Université Libre de Bruxelles Il est l'auteur de nombreux articles et de 18 livres sur l'énergie et le développement durable. Son dernier livre est « Energy insecurity. The organised destruction of the EU’s competitiveness. »


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