La France et la Turquie : une relation « immuable et changeante »

Pratiquement, la Turquie abrite plus de quatre millions de réfugiés dont des Syriens, des Kurdes ou des Africains. Dans le fil de cette réalité, ce pays apparaît dans l’ensemble comme un rempart pour la sécurité territoriale du continent européen.

Que je l’avoue tout de suite : je ne suis pas un partisan d’Erdogan. J’aime les Turcs et la Turquie. Je suis de ceux qui pensent que la position géostratégique de ce pays s’est considérablement accrue, qu’une politique étrangère n’est pas faite de fragments sans relations entre eux. Une politique étrangère assumée est un tout. Manifestement, la Turquie, comme les États-Unis, ont tourné la page de l’affaire de l’assassinat de Jamal Khashoggi au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, dans la réflexion que les pays ne peuvent pas rester éternellement en mauvais termes, car ils ont des intérêts nationaux pressants.

Ces mots sont au cœur de la donne actuelle pour les relations entre la France et la Turquie, sous l’effet de la guerre en Ukraine. Dans un contexte de relations internationales qui pousse à la diplomatie, à trop être dans l’affirmation de soi, à opposer une conception linéaire de la force, on peut vite ébranler les systèmes de l’ordre mondial.

Je relevais dans mon ouvrage ce contraste entre la France et la Turquie, partenaires ou adversaires à l’international. Contraste illustré dans cette période de défis constants de coopération stratégique : défi de confiance en Europe et Méditerranée ; défi de la Russie ; défi du bras de fer sino-américain ; défi stratégique au Moyen-Orient ; défi de nos rapports et de l’inconséquence stratégique à ne pas réfléchir ensemble sur le rôle de l’OTAN.

C’est tout autant ennuyeux de ne pas tenter de partager avec Ankara cette stratégie diplomatique de puissance : continuer à dialoguer et à se montrer unis, afin de pouvoir agir avec la...