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La guerre culturelle de l’écologie politique contre l’agriculture moderne
Gil Rivière-Wekstein, fondateur de la revue Agriculture et Environnement a répondu à nos questions. Il publie une lettre mensuelle bien informée sur ces sujets. Il est par ailleurs l'auteur des livres « Glyphosate, l'impossible débat » ou encore « Panique dans l’assiette, ils se nourrissent de nos peurs ».
Marcel Kuntz : Le théoricien de la « guerre culturelle » à mener pour qu’advienne la révolution prolétarienne, Antonio Gramsci, proposa de distinguer « guerre de position » et « guerre de mouvement ». La « guerre de position » étant une bataille culturelle contre les valeurs bourgeoises qui s’établissent assez naturellement. Peut-on dire que le dénigrement de l’agriculture ces dernières décennies a été une telle guerre de position ? La guerre de mouvement a-t-elle été lancée à Sainte-Soline ?
Gil Rivière-Wekstein : Absolument. La force de l’écologie politique, à la manœuvre dans ce qu’on appelle l’agri-bashing, consiste tout d’abord à avoir réussi à gagner une forme de « guerre culturelle ». On peut en effet constater que la société occidentale a progressivement adopté l’essentiel des valeurs et de l’imaginaire de l’écologie politique, et ceci au détriment des valeurs fondatrices de la République.
Alors que jadis le progrès scientifique et technologique constituait l’un des moteurs de la gauche, il est aujourd’hui systématiquement questionné, considéré comme destructeur plutôt que source de solutions. L’écologisme radical et décroissant, présent aussi bien chez La France insoumise que chez EELV, dénonce avec vigueur le « technosolutionnisme ». On retrouve ici la critique de Jacques Ellul sur la « société technicienne », qui a très largement inspiré de nombreux militants écologistes, notamment toute l’opposition française aux biotechnologies qui s’est nourrie des thèses du penseur protestant. En particulier la Confédération paysanne, l’un des organisateurs de l’action à Sainte-Soline, qui, comme l’explique José Bové, a été en fait le premier syndicat à avoir eu cette réflexion sur la remise en cause du productivisme, donc du rôle de la technique, avec Ellul comme « véritable boîte à outils pour essayer de décortiquer cette réflexion ».
De même, il n’est plus autorisé de défier les contraintes que nous oppose la nature, mais de s’y soumettre. Une soumission qui passe tout naturellement par la mise en...
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