Science

La nature a deux visages

Marcel Kuntz

Cette Carte Blanche à Christian Lévêque est la partie 2 des articles consacrés à la biodiversité. Il fait suite à l'article Biodiversité : de la science au sociétal.

Abeille qui butine des fleurs d'olivier
Abeille qui butine des fleurs d'olivier Mourad ALLILI/SIPA

Christian Lévêque est Directeur de recherche émérite de l'IRD, Président honoraire de l’Académie d’Agriculture, membre de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer, spécialiste en écologie aquatique et expert en biodiversité. Il est l’auteur de nombreux ouvrages. Son dernier : « Le double visage de la biodiversité. La Nature n'est pas un jardin d'Eden » (L’artilleur, 2023).

L’homme est certes un être pensant, mais c’est d’abord un être biologique. Et à ce titre il fonctionne comme les autres espèces de vertébrés supérieurs. Pour que la lignée se pérennise, et selon la pyramide des besoins de Maslow, il doit d’abord assurer ses besoins physiologiques (alimentation) et sa sécurité physique (santé, protection contre les prédateurs) avant de considérer son appartenance à un groupe social et sa place dans ce groupe. On rejoint ainsi la notion de santé selon l’OMS (santé physique, mentale, sociale), ce qui est la base du concept de « bien-être humain ».

Le monde vivant est un monde violent, brutal et sans morale. Chaque espèce pour se nourrir doit tuer d’autres êtres vivants. Le concept de chaine trophique cache en réalité un véritable massacre permanent. La vie se détruit et se recrée en permanence. L’homme des origines était un être sans défense et donc vulnérable en raison de sa faible fécondité. La peur peut être vue positivement comme une réaction de défense face au danger qui entraine l’action. Si Sapiens a survécu alors que d’autres lignées d’hominidés se sont éteintes, c’est peut-être parce que c’était un être peureux qui s’est méfié de la nature et a réussi à éviter les pièges des prédateurs et des nuisances (maladies, risques naturels). La peur de la nature est toujours présente et s’exprime par exemple dans les phobies, mais également dans les peurs invisibles (pollutions, endémies, climat…).

Pour se protéger l’être humain a eu recours aux innovations techniques :...

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Science et Postmodernité

 Marcel Kuntz

Marcel Kuntz est biologiste, directeur de recherche au CNRS, enseignant à l’Université Grenoble-Alpes, et  Médaille d’Or 2017 de l’Académie d’Agriculture de France. Son dernier ouvrage :  De la déconstruction au wokisme. La science menacée (VA Editions). Ses écrits ne représentent pas une position officielle de ses employeurs.


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