Le commerce, base de l’influence chinoise dans le Cône Sud

Je commencerai par les relations commerciales qui – comme partout – sont le moyen par lequel Pékin s’est imposé comme une des puissances extérieures les plus influentes dans la zone. Nous verrons dans le prochain article comment la Chine utilise ses autres moyens de puissance économique : prêts, investissements et, surtout et de plus en plus, l’usage du yuan plutôt que du dollar dans les transactions avec les pays de la zone.

Comme ailleurs, Pékin est entré dans l’agenda du Cône Sud par sa puissance commerciale, en explosion depuis l’entrée dans le XXIème siècle – et, en particulier, depuis l’entrée dans l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) en 2003. Puissance commerciale d’autant plus efficace dans le cas présent que l’économie chinoise avait – et a toujours – des besoins complémentaires à ceux des économies de la zone : gourmande en matières premières et en produits agricoles dont les secondes exportent de larges quantités, la première dispose pour sa part d’une capacité manufacturière capable de suppléer à leurs insuffisances industrielles. Une configuration qui, nous le verrons, n’est pas forcément des plus bénéfiques à long terme pour les pays du Cône Sud.

Il convient de prendre conscience de la vitesse et de l’ampleur de l’implantation commerciale chinoise dans la zone, tout d’abord dans les exportations et importations de biens des différents pays (le Paraguay apparaîtra au lecteur comme une exception pour ce qui est des exportations, et il aura raison, nous y reviendrons) :

Part des exportations de biens réalisées vers la Chine en pourcentage

Part des importations de biens réalisées depuis la Chine en pourcentage

Pour ne prendre que l’exemple argentin, la valeur des exportations de Buenos Aires à destination de la Chine a, en dollars courants, été multipliée par près de 10, tandis que les importations argentines en provenance du même pays ont vu...