Défense

Le dernier des cadets de Saumur

Roland Pietrini

En cette fin d’été, la trompette de cavalerie sonne, « aux morts ! ». La disparition du dernier cadet de Saumur, le Chef d’Escadrons Yves Renaud, marque le départ définitif de cette génération qui avait 17 ou 18 ans en 1939, celle des jeunes soldats dont fut mon père, celle de la défaite de 40, de la résurrection de Bir Hakeim, des troupes d’Afrique du Nord, de la longue marche de Koufra à Strasbourg , de la résistance, celle de la pire des défaites en 40 et de la disparition de l’histoire pour renaitre par la volonté d’une homme, de Gaulle, et d’une poignée de volontaires l’ayant rejoint.

Samur
SamurimageBROKER.com/SIPA

Cela nous rappelle que la France célèbre plus souvent les défaites glorieuses et les sacrifices de ses soldats que ses victoires sur le champ de bataille, comme si elle avait une sorte de pudeur à se proclamer conquérante. Bazeilles pour les troupes de Marine, Camerone pour la légion, nous avons souvent cette tendance à la flagellation héroïque.

Les victoires ne manquent pas

Pourtant, les victoires ne manquent pas, il suffit de lever les yeux pour en voir l’immense liste sur les façades de l’arche de la victoire, l’Arc de Triomphe. Les cadets de Saumur, en ce combat sans espoir de 1940, ont eu droit au respect de l’ennemi, ce n’était pas la première fois.

Ils seront ­salués par le général allemand Kurt Feldt, et il leur accordera 48 heures pour rejoindre la ligne de démarcation, à Loches. La plupart d’entre eux rejoindront le maquis ou l’armée de libération.

Face à ses gamins commandés par leurs instructeurs, cavaliers ou tringlots, le général allemand a respecté le code immémorial de l’honneur. Oui, les Allemands, en ce début de guerre, savaient parfois reconnaitre l’héroïsme des soldats ennemis.

Mais il y eut aussi, lors de la campagne de France, d’autres actions toutes aussi héroïques, dont on parle peu. C’est cela la guerre, un mélange de micro-victoires dans la défaite, tout comme à Dien Bien Phu, l’odeur âcre du combat, le sang, l’héroïsme et les larmes.

Les pacifistes ne comprennent pas que les militaires le sont plus qu’eux-mêmes. Le soldat sait que le sacrifice est parfois nécessaire, mais il n’est pas dupe ; il sait que, sauf exception, son souvenir disparaitra dans l’oubli de l’histoire.

Alors, ne les oublions pas !

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Post Scriptum Défense

Roland Pietrini, après une carrière militaire orientée vers la recherche et le renseignement en France et à l’étranger, pour l’essentiel dans les ex-pays de l’est, a participé durant 15 ans, en qualité de consultant indépendant, à des études pour des institutions étatiques dont la DGA et l’état-major de l’armée de terre, notamment dans le cadre de l’évolution et de l’adaptation du programme Scorpion.  Ancien major, puis officier de réserve, mais aussi chef d’entreprise, il est spécialiste des questions de défense en France et excellent connaisseur de l’évolution des forces armées étrangères. Il anime également le blog Athéna défense et est par ailleurs rédacteur d’articles, écrivain et romancier et intervient dans différents médias.


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