Le Rassemblement national, héritier du pétainisme ?

Dans Questions politiques (France inter-France info-Le Monde), le 29 mai, le député RN Sébastien Chenu renchérissait en dénonçant l’inculture d’Elizabeth Borne qui oublierait que Georges Bidault, ancien président du Conseil national de la Résistance, figurait parmi les fondateurs du Front national en 1972. On connait la suite, le recadrage du président Macron estimant qu’il est inefficace d’attaquer le RN sur le terrain moral. Et les commentateurs des chaînes infos, experts en tout c’est-à-dire en rien, ont confirmé en chœur la nullité des propos de la Première ministre.

L’historien n’a pas à se prononcer sur la question de la dédiabolisation réelle ou tactique du RN. En revanche, il est à même de mesurer les prétendues origines « pétainistes » du Front national. Y a-t-il eu injure et manipulation de l’histoire de la part de Mme Borne comme le prétend Jordan Bardella ? Le Front national se rattache-t-il plus à la Résistance qu’au pétainisme comme le suggère Sébastien Chenu ? Revenons donc à l’histoire pour y voir plus clair.

De la dissolution d'Occident à la fondation du Front national

Après la dissolution du groupuscule d’extrême droite Occident, en novembre 1968, à la suite du plasticage d’une librairie maoïste, les activistes racistes et antimarxistes, militant pour une Europe blanche, se retrouvent dans Ordre nouveau, fondé en 1969. Pratiquant la violence, le salut fasciste, reprenant le slogan « la France aux Français », Ordre nouveau a pour symbole la Croix Celtique. Il regarde vers l’Italie et le parti fasciste MSI dont il voudrait copier le modèle pour fonder le parti apte à rassembler toutes les chapelles de l’extrême droite, des cathos intégristes aux néopaïens, des nationalistes aux fascistes, des maurassiens en costume trois pièces aux révolutionnaires aux crânes rasés. Il y parvient en octobre 1972 avec la Fondation du Front national dont la présidence est offerte à Jean-Marie Le Pen...