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Les autres leviers chinois, des prêts directs à l’adoption du yuan comme monnaie d’échange

Lucas Favre

Après l’implantation commerciale de la Chine dans la zone, passons aux autres leviers économiques dont use Pékin : les prêts aux États, instrument politico-économique, auquel la Chine a de moins en moins recours désormais – sauf dans le cas ponctuel argentin ; les investissements, qui ont pour but de sécuriser l’approvisionnement en matière premières ; la montée de l’usage du yuan dans les échanges commerciaux avec les pays de la zone, qui est en pleine accélération – et ce, au détriment du dollar.

Yuan
YuanCFOTO/Sipa USA/SIPA

Des prêts aux États en recul

Dans la cadre de son incursion commerciale en Amérique Latine, le gouvernement chinois a commencé, dans la seconde moitié de la décennie 2000, à octroyer des prêts significatifs à des États afin de financer les projets énergétiques et d’infrastructures.

Ainsi, en 2010, la Banque de développement chinoise octroie un prêt de 10 milliards de dollars à l’Argentine, afin de financer d’importants travaux dans le système ferroviaire ; quant au Brésil, il a, par exemple, reçu en 2009 un prêt de 9 milliards de dollars, visant à financer l’exploration de ses ressources maritimes de pétrole. Au total, entre 2005 et 2020, Buenos Aires a reçu environ 17 milliards de prêts émanant d’entités publiques chinoises, et Brasilia 31 milliards ; le Chili n’a pour sa part reçu que des prêts – peu importants – d’acteurs privés tandis que, n’entretenant pas de rapports diplomatiques avec la Chine, le Paraguay n’a évidemment reçu aucun crédit.

Quoique non négligeables, ces prêts n’ont pas l’importance pour les pays en question qu’ont pu avoir ceux octroyés au Venezuela – premier récipiendaire latino-américains de prêts chinois – ou aux petits États des Caraïbes. De plus, et à la suite de nombreuses déconvenues, Pékin a fortement ralenti ses octrois de prêts dans la région, et préfère désormais financer les opérations qui l’intéressent en y investissant directement. Ainsi, les prêts octroyés par Pékin dans le Cône Sud pèsent très peu dans les prêts octroyés à l’échelle du monde, tandis que les pays du Cône Sud continuent d’emprunter majoritairement auprès de pays et d’institutions occidentales : si ces dernières perdent leur première place, cela sera, sans doute, face à des institutions multilatérales concurrentes (notamment dans le cadre des BRICS, désormais élargis) que face à la Chine seule.

Ce bémol apporté, il convient cependant d’insister sur le...

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Le Midi des Amériques

Lucas Favre

Diplômé de l'Institut d'Etudes Politiques d'Aix-en-Provence en Histoire militaire et en Géostratégie, Lucas Favre a vécu plusieurs années en Argentine, et a écrit divers textes sur l'Amérique Latine.


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