Les quatre temps des émeutes urbaines – Quatrième partie : les banlieues à l’heure des émeutes urbaines

Le tournant de Bron (1990)

L’appel à la France unie lancé par François Mitterrand au cours de la campagne présidentielle a fait long feu. Un nouveau pic de violences urbaines est enregistré au début des années 1990. Le 6 octobre 1990, à Vaulx-en-Velin dans la cité du Mas-du-Taureau, le jeune passager d’une moto conduite par un jeune antillais de vingt ans qui roulait sans permis, sans casque et sans assurance, meurt après que l’engin a été percuté par une voiture de police qui l’avait pris en chasse. Dès que l’annonce de la mort de Thomas Claudio est connue, la cité s’embrase. Les émeutiers seront bientôt rejoints par des habitants venus des Minguettes et de Villeurbanne. Une première. Les policiers sont la cible de tirs à balle réelle, des voitures sont brûlées et des édifices publics sont vandalisés. Les émeutes durent trois jours. Le bilan humain est lourd : six pompiers, trois policiers, deux gendarmes, un CRS ont été blessés par des jets de pierre. Le bilan matériel s’élève à plusieurs millions de francs [1]. 

Du côté des autorités, en particulier le maire communiste de la ville Maurice Charrier, c’est la consternation. Le quartier venait de faire l’objet d’une vaste rénovation impulsée par la Communauté urbaine de Lyon. On ne le sait pas encore mais cet épisode marque un tournant dans les émeutes urbaines tant par son ampleur que par sa capacité à fédérer les émeutiers des villes voisines. Selon la liste établie par Christian Bachmann et Nicole Le Guennec, du début 1991 à la fin 1992, dix émeutes comparables à celle de Vaulx-en-Velin au début des années 1990 sont enregistrées. De quoi alerter sérieusement les pouvoirs publics.

La réaction des pouvoirs publics

Du côté des pouvoirs publics, on se montre déterminés. Lors des Assises de Banlieue 89 qui se tiennent...