Les raisons du divorce franco-africain

Il est d’usage de parler d’une histoire d’amour entre la France et l’Afrique. Peut-être. Mais les histoires d’amour ne sont pas toutes éternelles. L’habitude en est d’ailleurs souvent le tombeau. Or, les choses n’ont pas vraiment bougé depuis plusieurs décennies au sud du Sahara. Le monde change, la France change. Mais pas l’Afrique. Les problèmes d’hier ne font que s’accentuer. La pauvreté augmente avec la démographie et le monde de l’image permet à une jeunesse rongée de frustration de voir à distance les avantages d’une société de consommation à laquelle elle n’a pas droit.

Les Africains avec qui il m’a été donné de discuter ont l’impression d’être dans des sables mouvants. Au bord, l’ami français leur conseille avec bienveillance de ne pas bouger pour ne pas s’enfoncer davantage. C’est la voie de la sagesse à court terme. Mais elle ne présente aucune issue, aucun espoir. Alors, quand les Russes leur ont jeté une corde douteuse prête à rompre, la tentation de la saisir a été la plus forte, n’y aurait-il eu qu’une chance sur cent de sortir du piège, au risque d’accélérer l’issue fatale.

La rancœur des Africains est venue ensuite. Qu’ont-il fait pour eux, ces Français qui mettent en garde contre la corde russe. Fut-elle pourrie, elle représente un mouvement, une rupture. Tout sauf la stagnation. Où est la corde des Français ? Ils ont déçu.

Le discours sur les « valeurs » ne passe plus auprès des Africains

Les pays africains attendaient d’elle une aide concrète. Ils ont eu de bons conseils et des discours sur les « valeurs ». Alors que la vieille démocratie française n’arrive plus à faire se déplacer ses propres citoyens aux urnes, elle donne des leçons de démocratie aux jeunes Etats africains qui font ce qu’ils peuvent. Tandis que des dizaines de millions d’hommes et de femmes peinent...