Niger : exemple de l’amoralité de la géopolitique

Un coup d’État amoral dans un pays amoral
Après le Mali, c’est au Niger que la politique africaine de la France est mise à l’épreuve. Le 28 juillet, le général Abdourahamane Tchiani, chef de la garde présidentielle, a renversé le président du Niger, Mohamed Bazoum, en poste depuis 2021. Le général Tchiani avait été propulsé par Mahamadou Issoufou, l’ancien président qui a « régné » sur le Niger de 2011 à 2021, mais qui n’était pas rééligible.
Leslie Varenne, co-fondatrice de l’Institut de veille et d’études des relations internationales, Iveris, est une grande spécialiste de la géopolitique de l’Afrique. Elle a donc immédiatement publié un article lorsque la junte militaire a pris le pouvoir à Niamey. Elle écrit « il faut en finir avec la fable du "Niger, exemple pour la démocratie" », car malgré cette litanie du « président démocratiquement élu  », rien n’est moins vrai. Elle se demande si Mahamadou Issoufou n’a pas été l’instigateur d’un coup d’État.
Alors que le Niger est le pays le plus pauvre du monde, selon l’indice mondial de pauvreté multidimensionnelle des Nations Unies de 2022, tout cela sent la corruption et l’uranium. Le nom d’Issoufou apparaît deux fois sur la liste des personnes ayant reçu des pots-de-vin lors de l’achat en 2011 de 2 500 tonnes d’uranium par Orano (ex-Areva, alors dirigée par Anne Lauvergeon). Cet « uranium gate » aurait entraîné une perte de près de 101 millions de dollars pour Areva. Mahamadou Issoufou aurait reçu pas moins de 3,4 millions de dollars selon Monde Afrique (mai 2023). Il aurait en 2020, selon la Cour des comptes du Niger, une fortune personnelle officielle de 3,5 millions d’euros, mais sa fortune non déclarée est difficilement estimable. Tout semble indiquer que nous n’en sommes qu’au début des preuves recueillies par les justices américaine et française, qui...
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