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OGM : un suicide français

Marcel Kuntz

La biologie moléculaire nous a permis de mieux comprendre, progressivement depuis les années 70, ce que sont les gènes (ADN), à quels caractères héréditaires ils correspondent, comment ils fonctionnent dans les cellules vivantes, et aussi de développer des applications comme la production de médicaments par des bactéries « transgéniques ». Le transfert de gène d’un organisme à un autre auquel il apportera un caractère héréditaire nouveau s’appelle ainsi la transgénèse. Celle-ci a été inventée pour les plantes en 1983. Elle accroit les possibilités de développer de nouvelles variétés de plantes cultivées.

Mais
MaisAdil Benayache/SIPA

Avant l’invention de la transgénèse végétale, l’amélioration des plantes cultivées reposait soit sur des croisements, afin de transférer un caractère génétique bénéfique, par exemple d’une espèce sauvage vers une espèce cultivée (si les deux sont sexuellement compatibles), soit sur la sélection de mutations utiles. Ces dernières peuvent apparaitre spontanément (elles ont permis l’évolution des espèces et ont créé la biodiversité) ou être accélérées par l’Homme.

Depuis le Néolithique, l’Homme a sélectionné de nouvelles espèces (maïs, blé, riz, etc.) apparues par croisements et mutations spontanés, mais qui n’auraient pas survécu dans la compétition naturelle. Ce sont les interventions humaines qui leur ont donné la possibilité de survivre et de croître en champ.

Nature et artifice : des visions idéologiques

À ce stade des explications, il faut faire deux remarques. La première est que la réalité de la sélection des plantes est largement méconnue hors des cercles de spécialistes. La seconde : ce qui est qualifié de « naturel » (et est donc dans l’air du temps…) est souvent, en réalité, une création humaine (donc artificielle) ; en fait ce qui nous est familier dans notre alimentation est nommé « naturel » (une tomate dans un jardin par exemple, alors que les variétés de tomates, même anciennes, sont des « obtentions » humaines).

Pour revenir à la transgénèse, elle accroit le champ des possibles : le transfert de gène n’est plus limité par la possibilité ou non de croiser deux espèces.  Deux visions s’opposent ici : certains considèrent les biotechnologies comme un continuum dans la sélection variétale des plantes. D’autres comme une rupture, porteuse de plus de risques.

La réglementation, reflet de l’idéologie dominante

La transgénèse végétale a été inventée par des laboratoires européens et étatsuniens. Les deux continents partent donc à égalité sur le plan scientifique. Ils prendront des chemins opposés quant à la réglementation encadrant ces biotechnologies.

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Science et Postmodernité

 Marcel Kuntz

Marcel Kuntz est biologiste, directeur de recherche au CNRS, enseignant à l’Université Grenoble-Alpes, et  Médaille d’Or 2017 de l’Académie d’Agriculture de France. Son dernier ouvrage :  De la déconstruction au wokisme. La science menacée (VA Editions). Ses écrits ne représentent pas une position officielle de ses employeurs.


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