Relation sino-américaine : pour qui sonne le glas...

Hervé Couraye

Filoli, située à Woodside, le long de la côte du Pacifique en Californie est une belle et spacieuse country house, où les deux chefs d’États Joe Biden et Xi Jinping se sont retrouvés en marge du forum de l’APEC (Asia-Pacific Economic Cooperation), le 17 novembre dernier, à San Francisco. Ils s’y sont rendus tout en se doutant du spectacle curieux qu’ils allaient donner et qui n’a pas manqué de prendre par surprise même les alliés des États-Unis. 

Joe Biden et Xi Jinping le 18 novembre 2023
Joe Biden et Xi Jinping le 18 novembre 2023EPN/Newscom/SIPA

Cette propriété historique de Filoli est un lieu de mariage recherché où Joe Biden et Xi Jinping sont apparus comme un couple qui a décidé de divorcer mais qui fête ensemble Noël. Comble de cette situation iconoclaste, Joe Biden a répété à plusieurs reprises sous les yeux médusés du secrétaire d’État américain Anthony Blinken que Xi Jinping était un « dictateur ».

On assurait pourtant que l’objectif de ce sommet compte tenu des nombreux défis de politique intérieure et extérieure auxquels font face les deux pays était de signaler au monde qu’ils comprenaient que l’ordre mondial aspire à la stabilité et qu’ils allaient s'asseoir côte à côte dans des déclarations positives au sujet de la rivalité sino-américaine. Maintenant, c’est là que les ennuis commencent, je fais non seulement écho aux propos de Joe Biden, mais aussi à la personnification de la Realpolitik à travers cette saga Biden-Xi Jinping que j’expose dans mon livre Rivalité sino-américaine en Indo-Pacifique (1).

Deux prismes différents

En réalité, lorsque les États-Unis et la Chine évoquent la gestion de leurs relations, c’est avec des prismes différents tant leur rivalité dans une tendance du statu quo plus actuel reste lourde d’interprétations et d’implications. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, nous revisitons le retour des ambitions hégémoniques dans une nouvelle lecture d’un ordre mondial dans lequel les stigmates géopolitiques du passé s’accélèrent. La rivalité sino-américaine qui se déroule aujourd’hui oppose la conception américaine d’un ordre mondial fondé sur des règles à celle de restaurer une sphère de puissance qui prévaut en Chine et dans d'autres coins du monde. 

Comme je le dis toujours, la relation sino-américaine est influencée par la question de Taïwan jusqu’à ce qu’elle le soit par son dénouement. Il ne s’agit pas de la seule question explosive. Comme le reconnaît Javier Milei, nouveau...

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Monologue de l’Indo-Pacifique

Hervé Couraye

Hervé Couraye est docteur en science politique. Il vit et travaille au Japon depuis de nombreuses années. Il est également conseiller Indo-Pacifique de la revue Politique Internationale.


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